Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

une autre vision des événements du 11 septembre

A l'occasion de l'anniversaire des événements du 11 septembre, je remets en ligne un billet que j'avais publié à l'occasion de ces événements. Hélas, il est toujours d'actualité :

 

La nuit dans le désert, le ciel est d’une profondeur religieuse, profondeur accentuée par la nudité du paysage. Les étoiles semblent y être des milliers de torches allumées pour célébrer la déesse lune, pour rendre plus éclatante sa transparence et plus profond son mystère.

 Face à ce paysage, les Arabes accordèrent une grande importance à la lune. Ils adoptèrent le calendrier lunaire, et deux des piliers de l’Islam, le ramadan et le pèlerinage à la Mecque, sont déterminés par l’astre de la nuit. Bref, la lune devint pour les Arabes le symbole de la perfection, du mystère et de la grâce. Jusqu’au jour où les Américains posèrent leurs pieds sur la lune. Ils montrèrent alors un paysage de désolation. La lune n’est que ravins et poussière. Elle ne brille d’aucune beauté, elle ne recèle aucun mystère.


Ce fut un petit pas boiteux pour les Américains, et un grand pas dans le vide pour les Arabes.

 


Cette parabole peut servir comme grille de lecture, parmi tant d’autres, des malentendus entre l’Islam et l’Occident. Elle peut nous éclairer sur le fait que la modernité incarnée par l’Occident bouleverse les valeurs de la majorité des êtres humains, en démystifiant et en désacralisant le réel, sans pour autant les faire bénéficier de ses bienfaits, ni donner sens à leurs destins individuels et collectifs.


L’Occident doit revoir son rapport au monde et aux autres. L’arrogance que lui procure sa puissance technique et scientifique ne peut le conduire qu’au reniement de ses valeurs, des autres, et finalement de lui-même.


Par ailleurs, les musulmans doivent prendre conscience qu’ils peuvent rendre sa beauté à la nuit de plénitude, à condition de repenser leur vision du monde et leur passé. «La beauté n’existe que dans les yeux de celui qui la regarde», chantait l’un de leurs poètes. Ils doivent rechercher les causes de leur déclin d’abord en eux-mêmes, au lieu d’en accuser toujours les autres.

 

Saïd Baïlal 

Commentaires

  • Saïd, le monde musulman décline peut-être moins que le monde occidental, aujourd'hui... La renaissance viendra très sûrement, en tout cas, d'un nouveau rapport entre l'Orient et l'Occident.

    Les Arabes n'ont-ils pas été des scientifiques, autant que des mystiques ? La beauté est dans la lune réelle comme dans la lune symbolique, il n'y a pas à les séparer.

    Debord de fenêtre d'immeuble, à l'interruption du film : "je commence à peine à vous faire comprendre que je ne veux pas jouer ce jeu-là"

    http://www.ubu.com/film/debord_critique.html

  • merci aya pour le lien vidéo, j'ai aimé le ton mélancolique de la voix de Debord, mais j'avoue que je n'ai pas tout saisi. Il est vrai que je n'ai jamais réussi à comprendre Debord dans le texte. J'espère y arriver un jour.


    Je partage ton point de vue à propos du changement nécessaire dans les relations Orient/Occident, je nuancerai en parlant plutôt des relations orients/occidents au pluriel.

    J'ai beaucoup apprécié tes deux articles publiés sur Agoravox, ils sont très émouvants et poétiques.

  • Est ce que tu me permettrais de reprendre ce papier tel quel, en te citant naturellement ?

  • salut Yves,
    bien sûr que tu peux, ce sera un honneur pour moi,
    merci

  • C'est moi qui te remercie :-)

  • "L’Occident doit revoir son rapport au monde et aux autres." dis-tu, et je suis on ne peut plus d'accord avec toi. Ça me fait penser à un livre que je lis en ce moment : "L'occidentalisation du monde", de Serge Latouche (à lire absolument).

    L'esprit occidental se veut universel (universel, c'est ce que veut dire le mot "catholique" en grec, tout un programme), et dès qu'un peuple considère posséder la Vérité, il devient dangereux pour les autres, qu'il cherche à convaincre à tout prix, et à déposséder de ses traditions ancestrales qui deviennent une menace pour lui (cette peur de la diversité, du multiple de l'on retrouve dans l'horreur de la globalisation).

    Et tu parles de beauté, et c'est sans doute un point essentiel ; la perte du sens de la beauté amène à une vision catastrophique du monde...

  • Triplex,
    tout à fait d'accord sur le fait que toute culture qui se veut universelle est dangereuse, elle conduit nécessairemet à déshumaniser l'autre et donc à l'éliminer.

    Il faut peut-être juste préciser que la culture occidentale ne fait pas exception dans son entêtement à se vouloir La Culture et La Civilisation en dehors de laquelle il n'y a que des barbares.

    Je te rejoins aussi sur le fait que la perte du sens de la beauté conduit à la déperdition du sens et par conséquent à notre perte.

  • Oui la poésie du symbolique tend à disparaitre mais l'homme qu'il soit d'un coté ou de l'autre du globe aspire nécessairement à l'irrationnel. On le voit aussi bien en Occident avec la montée grandissante de groupuscules religieux q'en Orient avec l'ampleur de l'Islam. Ce qui est déplorable c'est ce coté imbu et moralisateur de l'Occident si loin de voir la beauté les yeux de celle-ci ne voit même plus la laideur qu'elle engendre

  • salut Daniel,
    oui l'erreur est de croire que l'homme est capable d'évacuer tout les mystères. Tout n'est pas réductible aux chiffres.

    Si on est incapable de voir la part de beauté du monde, non seulement on devient incapable de percevoir la laideur mais on finit par l'engendrer, c'est justement l'abîme dans lequel est tombée actuellement la civilisation "occidentale"

  • La différence est une richesse, l'indifférence est une pauvreté , la tolérance est précieuse et doit se faire respecter , quelque soit notre culture nous devons savoir partager et aimer... bien à toi..

  • Pourquoi les Etatsuniens sont-ils allés sur la Lune ? Parce qu'ils pouvaient y aller, parce qu'ils montraient ainsi au monde qu'ils avaient plus de puissance. La modernité occidentale n'est que celle de la technique comme système, c'est-à-dire autopoiétique et autoréférentielle. Et la technique occidentale n'est que volonté de puissance. Nietzsche serait bien surpris de cette réalisation de son idée, mais il est impardonnable de n'avoir pas vu que c'est la technique qui allait le réaliser, car celle-ci en donnait déjà les signes de son vivant.

    Historiquement, la technique vient d'Orient, qu'elle soit matérielle ou magique. Les Grecs la dédaignèrent, mais quand sa nécessité leur en imposa, ils eurent recours à la technique orientale. Les Romains, véritables génies de la technique, la voulait la plus simple possible et apte à répondre à toutes les situations. Mais quand ils furent pris de vertige technique, ils eurent eux aussi recours à la technique orientale.

    Il revient à l'Occident d'avoir érigé la technique en système autonome, de lui avoir laissé libre cours et de lui avoir assigné comme but l'efficacité et non plus seulement la suppression du besoin. La technique est affaire de moyens et l'efficacité conduit à l'élimination des différentes techniques pour ne garder que la plus efficace. Elle appauvrit. Mais à partir du moyen le plus efficace, elle engendre son propre développement, son propre enrichissement, ce qu'on appelle le progrès technique.

    Affaire de moyens, la technique occidentale est indifférente aux fins. Elle est indifférente à tout ce qui n'est pas elle et à tout ce qu'elle en peut pas saisir techniquement, à tout ce qui n'est technicisable, chiffrable. Elle est incapable de saisir quoi que ce soit de manière non technique. La crise environnementale en témoigne. Mais son pouvoir de techniciser tout ce qui bouge est redoutable.

    La technique occidentale est l'ennemi de tout ce qui est humain et de tout ce qui est au-delà de l'humain.

  • Le jour n'existe pas sans la nuit. Ni le bien sans le mal.
    Dieu est encore loin d'être unique. Tant de peuples le revendiquent…

    Puis-je me permettre cette balade tendre vers ma planète :
    http://rohicland.over-blog.com/article-11953857.html

    Belle découverte, cet endroit. J'y reviendrai…

  • Jdal,
    Excellente analyse que je partage en grande partie si ce n'est ce rejet de toute la technique (c'est le sentiment qui se dagage de la lecture de ton intervention) !

    Je pense que le problème n'est pas la technique elle-même -mais ce que tu as d'ailleurs bien souligné- à savoir l'idéologie qui la sous tend, le but qu'on lui assigné depuis les lumières : la volonté de puissance, ne pas seulement répondre aux besoins de l'homme mais les engender etc

    La question qui se pose est : Est-ce que l'homme peut encore maîtriser l'évolution du système technique ou est-ce que ce dernier a acquis assez d'autonomie pour pouvoir échapper à tout contrôle de la part des hommes ?

  • merci pour la visite sur mon blog. Beaucoup de belles choses à lire ici.
    Bonne soirée.

  • Orient, Occident, les rapports ont toujours été ambigus.

  • La métaphore de la Lune chez les Arabes atteint parfois l’extase paradisiaque à tel point qu’ils peuvent voir là-dessus des phénomènes paranormaux, par exemple une image subliminale de Mohamed V bien visible sur cet astre !

  • Salamn kalima,

    Tu perds de ton mystère dans ton image. Concession à la technique occidentale ? Eh oui, je récuse ton reproche de rejet de toute technique, car je n'ai traité que de la technique occidentale, et j'en ai évoqué une autre, la technique orientale. Mais tu as raison lorsque tu pointes l'idéologie, ou peut-être mieux, la raison, la ratio occidentalis.

    Ce serait intéressant d'examiner pourquoi, par exemple, la civilisation chinoise, dont il ne reste pas grand-chose après un demi-siècle de maoïsme, ne s'est pas soumise au "tout ce qui est techniquement possible sera réalisé", quoiqu'elle a réalisé en son temps des ouvrages qui n'ont pas à pâlir du barrage des Trois Gorges.

  • Salam, kalima

    Souffre que je revienne sur notre dernier échange, au terme duquel je substituais la raison à l’idéologie, mot un peu passe-partout. Tu as noté que le tournant, qui en est peut-être un de l’histoire du monde, datait des Lumières. On sait qu’elles ont porté la raison si haut qu’elles l’ont affublée d’une majuscule. On peut discuter que ce tournant a été amorcé plus tôt (Bacon ? Galilée ? Descartes ?), mais on peut s’accorder qu’il a été pris au moment que tu as noté. D’autant plus que c’est à ce moment-là que la raison technicienne a vérifié sa rationalité dans la révolution industrielle. Mais il est un fait étonnant.

    Cette révolution a commencé avec des machines qui ne devaient encore rien à cette raison nouvelle. Techniquement, les premières pompes à eau (pour assécher les mines) et les élévateurs d’eau ne s’écartaient pas des machines médiévales occidentales ou orientales. Ces pompes n’étaient pas plus perfectionnées que celles de Philon de Byzance, le maître de Héron d’Alexandrie. On doit à ce dernier l’éolipile, première turbine à vapeur, dix-huit siècles avant Papin. Au XVème siècle, où apparaît (1404) en anglais le mot ingénieur, on appelait encore « turquois » les moulins à vent, ce qui donne à penser que les Turcs les ont inventés.

    Contrairement à une idée courante, l’époque médiévale n’a pas été techniquement inerte, surtout quand regarde du côté de l’Orient. Mysore et Hyderabad étaient les centres mondiaux de la métallurgie et l’Occident leur doit l’idée de l’acier. Il manquait à cette époque l’idée de remplacer les forces animales et humaines par des automates. Et cette idée n’est pas une idée technicienne ou scientifique, mais une idée morale. Une idée dans la ligne de laquelle ont trouve celle de l’abolition de l’esclavage. Ainsi, la raison technicienne ne manque pas d’atours qui la sanctifie.

  • Retour cette question, liée avec une autre que nous avons délaissée. Une dépêche de San Francisco (AFP 07/07 15:05:50) annonce que « le casque de contrôle mental de jeux vidéo est désormais une réalité…» et son créateur compte le commercialiser dès la fin 2008, à 299 $.

    « Ce casque, baptisé EPOC, est doté de 16 électrodes ou capteurs qui sont en contact avec le crâne de l’utilisateur pour mesurer l’activité électrique de son cerveau, selon une technologie d’électroencéphalographie bien rôdée. » Nous voilà rassurés. Un gyroscope surmonte le casque pour contrôler les mouvements du boîtier cérébral et une batterie en agrémente le côté.

    Les capteur enregistrent les « états d’âme » et les expressions faciales du casqué, intégrant toutes ces données dans le logiciel de l’ordinateur qui peut ainsi « lire les pensées » du casqué, explique le créateur. « Il y a une corrélation directe entre les pensées du sujet et l’action sur l’écran, ce qui permet de réaliser le vieux fantasme de déplacer des objets avec la seule force de l’esprit », ajoute (la dépêche ne précise pas si c’est sans rire) ce créateur.

    Comme bien on pense, le joujou a d’autres utilités que les jeux vidéo. Beaucoup de sociétés classées dans les 500 premières de « Fortune » se sont dites intéressées et « même les services de police sont intéressés par les capacités du casque de lire les pensées des individus », dit-il encore. Ce « même » ne dénote-t-il pas un étonnement incroyable ?

    La chasse aux têtes et l’entretien d’évaluation ont désormais une arme objective, l’interrogatoire n’a plus besoin de muscles et Guantanamo est vieux jeu. Mais trêve d’ironie et feu d’humanitarisme. Cette technologie pourrait offrir un nouveau moyen de communication aux personnes privées de parole à la suite d’une attaque cérébrale ou se trouvant dans le coma (?). Et pourquoi pas aux muets ?

    On peut se demander si le casque permettra lire des pensées en breton, en méo ou en tarifit. Les informaticiens régleraient assurément ces détails, mais imaginons qu’un seuil de rentabilité rende leurs efforts inutiles.

Les commentaires sont fermés.