la barbarie à visage angélique
un reportage sur le camp de guantanamo ( ICI) m'a inspiré le billet suivant :
« Barbares vous pouvez tenir en cage
Jamais de vos yeux rouges n’a débordé la fureur »
Kateb Yacine, Soliloques.
« Il n’y a pas de démons, les assassins de millions d’innocents sont des gens comme nous, ils ont notre visage, ils nous ressemblent. Ils n’ont pas un sang différent du nôtre »
Primo Levi, A la recherche des racines.
Ce qui m’a frappé dans ce reportage, c’est l’absence de toute image des prisonniers. Les geôliers les évoquent comme s’ils s’agissait d’artifices qu’on manipule sans aucun scrupule.
Pour Primo Levi, Levinas, Robert Antelme, la déshumanisation commence d’abord par ignorer le visage de l’autre, par effacer son nom. L’autre est alors réduit à un matricule, une ombre, un simple corps et par conséquent un artifice, une chose. On peut alors l’humilier, le torturer, le tuer sans aucun remords.
Par ailleurs, rappelons que les détenus du camp de Guantanamo n’ont pas été jugés. L’administration américaine refuse de les traduire devant les tribunaux américains. Ce refus est aussi une manière de déshumaniser les détenus.
Même le pire des criminels a le droit à un jugement, à un avocat, non seulement pour répondre de ses actes mais aussi pour nous aider à comprendre les causes qui l’ont poussé à commettre ses crimes, à moins qu’on le considère comme ne faisant pas partie de l’espèce humaine.