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par delà le bien et le mal

Lorsqu'un chat enfonce ses griffes dans le corps d'une souris, il ne s'interroge pas sur la souffrance qu'il engendre. Il ne fait que perpétuer un instinct. Il se contente de répondre au besoin vital de se nourrir.

Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas eu chez nos amis mammifères carnassiers une minette comme Brigitte Bardot pour s'indigner du sort réservé par ses pairs aux rongeurs, aux oiseaux ou aux poissons. Mis à part dans un épisode de Tom et Jerry, on n'a jamais vu des chats constituer une société de protection des souris ou condamner les atrocités commises par leurs semblables. Normal, le chat est incapable de s'identifier à l'une de ses proies pour ressentir la souffrance qu'il lui inflige.

Contrairement à l'animal, l'homme est capable de se projeter dans la peau d'autrui, il peut donc éprouver ce que ressent l'autre. Cette faculté peut engendrer chez lui de la compassion, de l'empathie et une volonté de protéger le plus faible. Elle peut le conduire à transformer ses pulsions destructrices en idéal du Bien. Mais paradoxalement, elle peut aussi créer chez lui un comportement sadique ou un désir de vengeance. Elle peut le précipiter dans le camp du Mal.

Le monde animal est exclu du mal. On n'a pas encore vu des animaux inventer des camps de concentration, des outils ingénieux de torture, des goulags ou des guerres saintes. L'animal le plus cruel ne jouit pas du mal, l'homme oui.

 

Commentaires

  • L'Homme a tout d'un virus. C'est pour cela qu'il fait cavalier seul dans le règne animal. C'est pour cela également que sa méchanceté est sans limites...

  • >Toobanal
    pour l'instant c'est un virus bien résistant mais jusqu'à quand ?

  • J'ai grandi à Nice et j'ai lu récemment un article sur la disparition des requins de méditerannée or j'avais toujours entendu dire qu'il y avait des petits requins dans la baie de Nice (qu'on appelle pour cette raison la "baie des anges", le terme ange désignant ces requins). Il est sensé y avoir aussi des dauphins dans la baie des anges. Or de mon passé de baigneur je n'ai jamais observé aucun poisson si ce n'est les micro poissons qui servent à faire la friture.

    On croit que à chaque fois qu'on écarte une espece animale de notre environnement c'est la meme chose que virer un caillou par ce qu'il gene au milieu du chemin. On croit que l'animal est arrivé avant nous ou apres nous. Mais les especes animales ont grandi en meme temps que nous. Nous avons avancé ensemble, en interdépendance. Il y a de nous en eux et de eux en nous. A chaque fois qu'une espece animale disparait c'est une partie de nous meme que nous perdons

  • >Stephane
    Difficile pour l'homme de se voir petit quand il se prend pour le nombril et le but ultime de l'univers alors qu'il n'est peut-être qu'une petite parenthèse dans l'histoire de la vie.

    Et encore plus diffcile de se voir comme une partie d'un tout quand on se prend pour le tout.

    Espérons qu'un jour nous arrêterons collectivement d'être sourds à la voix de la sagesse.

  • Puréeeeeeeeeee Il en prend plein le paletot le quadrupède à néocortex développé et pouce préhenseur ! Et avec ça des définitions de casier judiciaire ! Conceptualisation ou généralisation ? Comme disait l'autre, j'aime les hommes, mais pas tous les hommes. Puisqu'on parle de bien et de mal, on peut peut-être parler là-dessus de liberté et de responsabilité. Est-ce que le Rmiste est responsable du monde rétréci qu'il vit ? Est-ce que les pêcheurs au lamparo sont responsables de la disparition des poissons en Méditerranée ? Quoi qu'on réponde, le plus dur reste, comme le dit Kalima, d'être collectivement sage : al-hikma fi al-jammia. Quand un calligraphe, Mohammed Idali, m'a offert une de ses oeuvres, c'est que je lui ai demandé de calligraphier.

  • Je pense que Nietzsche a conçu ce titre comme une hypothèse mathématique. Jusqu'où est-il possible d'aller sans repères moraux, et particulièrement chrétien. La morale(ou l'éthique) est-elle concevable en dehors de la religion ? Est-elle amener à être transgresser du moment qu'on la définit ?
    Il faut sûrement lire et relire Kant.

  • Ce titre (merci de ton article qui traîte de LA question du siècle "qu'allons nous faire des animaux") de Nietzsche, je le vois aussi comme
    "Par delà le bien est le mal"
    avec son symétrique
    "Par delà le mal est le bien"

    connaître l'un c'est être, comme tu le suggères, à la merci de l'autre.

    Il n'y a pas de désir sans souffrance,
    (sujet de philo de ce jour)
    où l'on perd l'un et l'autre

  • soyons moins lugubres allez!
    la notion de bien n'existe pas non plus dans le règne animal... ni la solidarité ni l'amour... et ce n'est pas rien tout de même...
    les animaux eux sont animés par une sorte d'instinct qui les défait de toute noblesse ou bassesse de leurs agissements...
    je le dis non sans tristesse puisque je me rends compte que ma petite chienne ne m'aime pas dans le vrai sens du terme :))

  • Mince, moi qui croyait que l'homme était un animal comme les autres!

  • > Luc,
    Le paradoxe c'est qu'on est à la fois capable de voir chez certaines espèces animales (chiens, chats) des individualités tout en considérant d'autres comme de simples choses juste bonnes à produire de la viande, du lait et des oeufs.

    Pour l'instant on reste indifférent au charme du regard d'un thon, mais on salive dès qu'on voit sa chair dressée sur nos assiettes.

    >waayli
    Certes, certains animaux sont plus cruels que nous mais eux, au moins, ils n'ont pas élevé la cruauté au stade d'industrie.

    >docteur Borg
    Est-ce que l'homme est un animal comme les autres ?
    Le point de vue de l'animal là dessus doit-être très intéressant !

    Apparement, nous partageons avec l'animal le plus proche de nous, le chimpanzé, 98,5% de l'ADN, la différence n'est que de 1,5%, c'est très peu mais c'est suffisant pour créer un gouffre !

  • Ca me rappelle la fameuse tirade de Bentham à propos des animaux : "la quesion n'est pas peuvent-il raisonner, peuvent-il parler? mais peuvent-ils souffrir?".
    L'aptitude à sentir et à infliger la souffrance est à la fois ce qui rapproche et éloigne à la fois l'homme de l'animal.

  • Kalima
    Un e autre interprétation est possible. L’homme n’est pas capable se projeter dans la vie des animaux pour comprendre qu’il y a chez eux un équivalent de BB de chez nous. Ca se touve ils sont même en avance sur ce terrain .
    Ca se trouve aussi y a même une équivalent de tom et jerry version humaine et ils sont entrain de nous regarder à l’instant .
    sauf que nous n’arrivons pas à le percevoir sans doute parce que ne les voyants sous nos propres référentiels.

  • Tout d'abord merci pour ta visite. En ce qui concerne l'article, t'as bien raison, l'être humain et de loin l'animal le plus cruel de tous. Mais puisque tu évoquais B. Bardot, je voulais juste dire que c'est une femme qui deffend la cause animale et en même temps se fait condamner pour incitation à la haine raciale. Pour elle les animaux sont plus importants que certaines races. Doit-on encore la siter comme reférence?

  • Par delà le bien et le mal il y a la compassion qui permet de ne pas se vautrer dans la perversion de la jouissance du mal. Autrefois on l'apprenait au catéchisme. J'ai bien l'impression que cela s'est perdu quelquepart dans l'inconscient collectif. Ce n'est pas que dommage, c'est extrèmement dangereux...Mais ça! Tant que les animaux humains ne sont pas à leur paroxisme de bêtise et de méchanceté...on l'ignore toujours. Jusqu'au jour où cela s'impose à tous sous des formes "horribles".
    Bien à vous.
    Strand.

  • Kalima, tes mots sages manquaient sincèrement. L'Homme capable de produire des beautés et aussi capable de cruauté sans limites.
    Et puis, nous découvrons le visage de Kalima. Donc, deux occasions de célébrer ton retour.
    Big Mwah et bon été

  • On dit que dan l'ADN, plus de la moitié ou les 2 tiers sont inutilisés.

    Pour ce qui est de l'empathie: "Les gens ont pitié des autres dans la mesure où ils auraient pitié d'eux-mêmes. Le malheur ou la laideur sont des miroirs qu'ils ne supportent pas." (Jean Giraudoux) [1]
    Empathie et compassion ne sont qu'une manifestation de notre égoïsme inconscient. Les "qualités" de l'homme seraient somme toute faite rien que de l'égoïsme.

    Quand l'homme-virus[2] disparaîtra? je crois qu'on n'en est pas loin, surtout et paradoxalement avec tous les développements en médicine et conditions de vie. L'homme a défié la nature et ne se plie plus désormais aux règles de l'évolution. Diabétiques et autres défectueux peuvent se soigner et reproduire pour laisser des êtres encore plus faibles qu'eux, ce qui ne serait pas le cas s'ils s'étaient seulement éteints sans intervention. Eh oui, on laisse pas à la nature de gérer les choses.

    [1] http://yahia.ma/fr/maximes/m-p.html#pitie
    [2] http://yahia.ma/antiblog/55/virus

  • Je cite :
    "Diabétiques et autres défectueux peuvent se soigner et reproduire pour laisser des êtres encore plus faibles qu'eux, ce qui ne serait pas le cas s'ils s'étaient seulement éteints sans intervention. Eh oui, on laisse pas à la nature de gérer les choses."
    => je suis totalement en désaccord avec ce point de vue.
    La conception selon laquelle la nature "élimine" les plus faibles est fausse, si elle était vraie alors nous n'existerions pas car les plus faibles c'est nous. Nous avons besoin d'une alimentation diversifiée, de vetements pour ne pas avoir froid, nous sommes de tous les vivants les plus dépendants de notre environnement.

  • A vrai dire, de l'ADN on ne connaît bien que sa structure, qui est comme chacun sait, une double hélice. Pour le reste, ça planche encore dur pour savoir comment ça marche. L'ingéniérie génétique prouve tous les jours que la bête est incontrôlable. Alors bâtir un raisonnement sur le taux d'utilisation de l'ADN ... Et puis Giraudoux n'est peut-être le moraliste de référence.

    Comme le dit Stéphane, l'idée est fausse que la nature élimine les faibles. Ce n'est qu'une idée de qui se croit fort. Elle élimine aussi les forts : "Combien de marins, combien
    de capitaines", n'est-ce pas ? Elle ne distingue d'ailleurs pas les uns des autres. Et puis, pour que la nature détermine une vie, il faudrait que celle-ci soit "naturelle". Ce qui ne paraît pas le cas de celles nos modernes individus.

  • Jdal, le taux d'utilisation n'est qu'une remarque que j'ai lancé, ce n'était pas mon intention de résoudre quoi que ce soit avec cette information.
    Je ne devais peut-être pas citer l'auteur de ma citation pour te faire plaisir, mais je l'ai fait juste car c'est son droit en tant qu'auteur. Et ça ne veut aucunement dire que quiconque soit une référence (en quoi déjà? car même un sniffeur peut t'énoncer une vérité plus choquante que celle de n'importe quel théoricien). Pour moi ce qui est dit à propos de l'empathie est tellement vrai, et c'est cela, la nature humaine.
    Aussi, pour les accidents de marins et capitaines, il ne faut pas les comparer avec les météorites venant du ciel, la biodiversité ou les changements climatiques. C'est cela l'influence de l'environnement. Et on parle là de l'évolution (ou régression plutôt) d'une espèce, et non pas de l'élimination d'individus.

    Stéphane, l'humanité n'est pas faible. L'humanité dans son origine était très forte, tout simplement parce qu'elle était dotée d'une capacité d'adaptation inégalée, et comme dit Darwin, c'est ceux-là qui survivent. Cependant, l'être humain typique aujourd'hui est très faible, et j'ai expliqué pourquoi. Je vais donner un autre argument, qui est notre dépendance de nos inventions, et le fait qu'on s'adapte avec elles plutôt que le contraire. S'il advient une catastrophe naturelle à très grande envergure, détruisant nos systèmes de communication et centrales d'énergie, comment va-t-on faire rien que pour se déplacer? maintenant qui est-ce qui sait même faire son propre vêtement ou aller chercher sa propre nourriture? Et on sait bien que lorsque de telle catastrophes sont là, elles bloquent les échanges dont on dépend pour tout et n'importe quoi, que ce soit des échanges locaux nationaux ou internationaux (l'argent ne servant plus à rien)

    Si les êtres humains étaient restés à l'état d'australopithèques ils seraient mieux lotis.

  • OK, Yahya, ce n’était qu’une remarque, mais elle est insignifiante, car les plus pointus des généticiens ne savent rien du taux d’utilisation de l’ADN, pour autant que cette notion ait un sens scientifique. Sauf bien entendu à considérer que l’ADN est une capacité de production industrielle. Et c’est justement par là ce que peuvent savoir les généticiens et les industriels, le taux de l’utilisation qu’ils font de l’ADN.

    Je ne trouvais pas non plus bien choisi l’illustration de la faiblesse humaine par la reproduction des handicapés ou des malades, car il n’est pas encore prouvé que la génétique les condamne à reproduire leurs handicaps ou leurs maladies. Et encore, la morale ne les condamne à se reproduire. Plus que l’empathie, qui agit entre individus, c’est cette morale qui fait la force de l’espèce humaine. Sa capacité d’adaptation à la nature n’est pas non plus inégalée ; nombre d’espèces animales ont aussi bien fait.

    Mais assurément, seule l’espèce humaine a la capacité de s’adapter à ses inventions ; là, elle restera inégalée jusqu’à ce qu’elle ne s’y adapte plus. Que cette espèce ait été plus forte lorsqu’elle n’avait encore qu’à s’adapter à la nature me paraît un jugement hâtif. Je ne vois pas qu’on puisse conclure de la survie d’individus à la force de leur espèce. Darwin lui-même ne pensait pas que les plus forts avaient survécu, mais les plus coopératifs, autrement dit les plus intelligents.

    L’espèce humaine me paraît plus forte d’avoir survécu à elle-même, à ses entreprises, aux techniques qu’elle a développées. Il est indéniable qu’elle survit maintenant dans la dépendance de ses techniques. Mais je doute qu’aujourd’hui plus personne ne sache comme produire ce qu’il mange et ce qui le protège. Produire des aliments est encore une chose que je sais faire, parce que je ne veux pas que des industriels décident à ma place de ce que je mange. Et je ne suis pas le seul.

    Maintenant, il n’est pas fantaisiste de considérer que l’espèce humaine était plus forte autrefois qu’aujourd’hui, si l’on considère qu’elle a échangé la dépendance entre êtres humains pour la dépendance envers les techniques. Aujourd’hui, le must est de ne rien devoir à personne, ce à quoi nous a entraîné (au sens sportif) l’échange marchand : on paie et on ne doit plus rien. Aucune société ne peut résister à cette conversion. Aucune société ne peut survivre si personne ne doit rien à personne.

    Ou alors elle ne survit que sous sa forme métaphorique, sloterdijkienne, comme amas anti-darwinien d’alvéoles, de bulles et cellules.

  • @Yahia et Jdal :

    Finalement je trouve vos points de vue assez convergents.
    On a échangé une dépendance (envers la nature) contre une autre dépendance (envers la technique).

    Je cite : "Si les êtres humains étaient restés à l'état d'australopithèques ils seraient mieux lotis."
    => d'une certaine manière c'est vrai, même si nous avons le superflu que eux n'ont pas, concernant l'essentiel ils en avaient autant que nous, ou peux être plus.

    Dans la dépendance naturelle, il y a un système régulé par de grands équilibres alors que dans "l'aventure technique" rien ne limite l'emballement de la machine .....

    On assiste à une deoccidentalisation de l'occident (perte de sens en occident) et en meme temps à une occidentalisation du monde..... Car le système occidental, et l'emballement industriel qui va avec depuis 200 ans, donne envie vu de l'extérieur car on en voit "la vitrine" (démonstration de force par la technique, apparente liberté,...) mais pas les effets négatifs (ravage sur l'environnement, déstructuration du lien social,....)

  • Ce ne sont pas les plus intelligents qui survivent, d'après Darwin, et comme je l'ai déjà dit en haut, c'est les plus aptes à s'adapter. Peut-être ceux-ci auraient un peu de force et d'intelligence ensemble. Pour ce qui est du taux d'ADN "utilisé" par une espèce, c'est très important pour comprendre les mécanismes de l'évolution de celle-ci... c'est tout ce que je peux dire.

    Le problème avec la détérioration de l'environnement comme le dénoncent les spécialistes, c'est que le mal causé par la minorité (les pays riches) pèse sur la majorité (les pauvres) si ce n'est sur le monde entier puisque nous vivons dans le même écosystème. (Entre autres, les catastrophes causées par le changement climatique à cause des usines de l'Australie ne toucheront pas nécessairement/seulement l'Australie.)

    Je crois qu'à ce stade l'Occident est plus que jamais conscient du mal qu'il inflige.

  • @Yahia :

    je cite :
    "Ce ne sont pas les plus intelligents qui survivent, d'après Darwin, et comme je l'ai déjà dit en haut, c'est les plus aptes à s'adapter. "

    => ce n'est pas aussi simple que ca.....pourquoi le peuple juif a t il survécu à 2000 ans de Diaspora ? la raison est peut etre à chercher du côté de leur foi.

    Ce qui compte c'est la capacité à croire en soi, ou à croire tout court.

  • Mais on parle d'espèces! tous les êtres humains n'en forment qu'une, qu'il s'agisse des juifs ou des aborigènes d'Australie. Il faut aussi savoir que la notion de "race" en génétique n'est pas reconnue.

  • @Yahia :
    Oui bien sur "tous les etres humains n'en forment qu'une", je suis d'accord mais tu interpretes mal ma pensée

    Quand tu dis "Ce ne sont pas les plus intelligents qui survivent, d'après Darwin, et comme je l'ai déjà dit en haut, c'est les plus aptes à s'adapter. "

    je veux dire que cette vision est trop matérialiste, car il y a aussi quelque chose qui nous dépasse, quelque chose de transcendant, et c'est peut etre là que s'écrit l'histoire secrete des choses..... quand je parle de "croire en soi, ou croire tout court" je veux die que c'est bien la croyance qui nous relie à cette chose qui nous dépasse.

  • En tournant autour des mots et des idées, la discussion devient de plus en plus intéressante. En quoi croient donc les Occidentaux pour s’adapter par la technique aux dégâts qu’ils causent ? A la technique ou à leur supériorité ? L’une et l’autre ont-elles quelque chose de transcendant ? Si la foi des Juifs est cause que leur identité a résisté à leurs malheurs, pourquoi n’en est-il pas allé de même pour les Aborigènes d’Australie ? Que veut dire adaptation pour une espèce qui transforme son environnement, l’adapte à son activité ? Jusqu’où peut-on penser l’histoire humaine par analogie avec l’évolution darwinienne ? A quel point, à quel moment de cette histoire doit-on la penser avec autre chose comme autre chose que cette évolution ? Peut-on écarter l’hypothèse que cette histoire est une évolution ?

    Sur l’importance du taux d’utilisation de l’ADN pour comprendre l’évolution ou l’histoire, je reste sceptique. Tout juste pourrait-on en tirer une réduction de l’une et de l’autre.

  • @jdal

    tu poses beaucoup de questions interessantes mais par laquelle commencer ?

    Les récents évenements (crise financiere aux USA) montrent à mon avis que l'utilisation d'outil rationnels (financiers par exemple) conduit à de l'irrationnel, en tout cas de la perte de sens.

  • Si mes questions paraissent intéressantes, celle que tu poses — le raison est-elle nécessairement rationnelle, voire raisonnable — me paraît encore plus intéressante, Stéphane. La raison et la rationalité paraissent aller d’elles-mêmes, mais qu’est-ce que la raison, qu’est-ce qu’être rationnel ? De quoi parle-t-on ? L’exemple que tu donnes de la crise financière est presque trop facile, car la rationalité de cette crise tient toute dans le calcul, avec lequel on la confond ou on la réduit volontiers dans l’Occident moderne. Mais si l’on considère une proposition telle que celle de Hegel — le réel est rationnel et vice-versa — on arrive à ce paradoxe que l’irrationalité des acteurs de la crise est rationnelle, à moins que l’on se déchire sur le réel, sur le point de savoir si la crise est réelle.

    Mais on peut aussi nuancer ou écarter le préjugé métaphysique de tels raisonnements, où la raison s’écrit Raison en toute transcendance. Soit en considérant, comme Hegel l’aurait peut-être fait, que la raison calculatrice n’est qu’un moment, aliéné, de l’histoire de la Raison, qu’un accident de sa substance. Soit en recourant à la MP, la maxime pragmatique de Peirce, dont il découle qu’une proposition n’est vraie que si tous ses effets sont testés, au moins en pensée comme possibles-réels (Duns Scot) ou comme would-be (Peirce). Dans ce dernier cas, la raison financière apparaît comme une raison fausse. Ce n’est pas une irraison, mais une déraison. Quelques unes des questions que j’ai posées peuvent être appréciées de cette manière.

  • @jdal

    Par rapport à la phrase : "la raison est-elle nécessairement rationnelle, voire raisonnable" je trouve que dans notre époque sois disant rationnelle il y a beaucoup d'irrationnel.....pourquoi un homme politique devient t il bon ou mauvais du jour au lendemain ?

    Quand tu dis "la raison calculatrice n’est qu’un moment, aliéné, de l’histoire de la Raison, qu’un accident de sa substance" sans être Hégelien je suis plutot d'accord.
    PLutot que de dire :"l'histoire de la raison", je dirais : "l'histoire du sens", car si la raison a une raison ....d'être , c'est bien dans le sens qu'elle s'enracine

    Je trouve de plus que la raison calculante ne va pas sans l'utilisation de l'outil ....... or l'outil change le rapport que nous avons à nous meme et à notre environnement

    Par exemple je suis enseignant et suivant si l'illustre mon cours au tableau et à la craie ou bien en utilisant un visioprojecteur c'est tres différent......pour moi et pour les eleves......de meme j'interdit les ordinateurs portables, quand je peux, car bien souvent les élèves veulent utiliser leur portable "pour prendre des notes". Or pour l'enseignant c'est tres différent d'avoir des élèves derrière un écran ou pas...... je me demande ce qu'en pense Kalima (en tant que prof)

  • On peut se poser une terrible question : pourquoi est-ce-que la conscience humaine dont l'élaboration a été si lente et difficile a conduit l'humain à cette possibilité de jouir du mal ? C'est juste une réaction à cet intéressante note et je n'ai pas de réponse.

  • D’accord avec toi, Stéphane, derrière la question de la raison, ou de la rationalité, il y celle du sens, de la signification. Et si je me suis référé à Peirce, c’est peut-être parce que cette dernière question, peut-être refoulée depuis le siècle 16, soutient toute son œuvre. Sans recherche du sens, la raison n’a pas de sens.

    D’accord avec toi encore, la machine — plus que l’outil — a transformé le calcul, notre rapport avec lui et tous nos rapports, non seulement ceux avec notre environnement. Nous retrouvons là un problème discuté à propos de l’ordinateur. Cependant, les Pythagoriciens cherchaient déjà le sens des nombres.

    Je ne suis pas enseignant, mais j’ai vu mon travail envahi et transformé par les objets techniques, et je n’ai plus choix de faire avec eux ou sans eux. J’ai du faire ce que préconisait Gilbert Simondon, les apprivoiser. Mais je ne doute pas que la transmission des savoirs en est affectée. Je suis trop homme du siècle 20 pour en douter.

    Ariaga n’a pas de réponse à la question de l’échec de la conscience devant le mal. Peut-être est-ce parce que la conscience le contient comme elle contient le bien. On peut se moquer de la Génèse, mais elle ne fait pas mystère de cette cohabitation. L’élaboration de la conscience a-t-elle été aussi lente qu’il le pense ?

  • @jdal et Ariaga :

    J'ai l'impression que la possibilité de jouir du mal tourmente beaucoup notre époque, mais bien et mal sont mélangés.

    J'ai suivi avec interet le procès Fourniret, qui represente manifestement un stade très abouti du serial killer à la française..... Fourniret ressemble un peu à un héros Sadien....c'est l'idéologie du plaisir à n'importe quel prix, même celui de la vie d'une autre personne.

    C'est pour moi la forme extreme des philosophies hédonistes des années 70, Fourniret n'en est qu'un cas particulièrement caricatural.

  • J'ai un peu de mal avec le rapprochement des philosophies hédonistes des années 70 (dont je ne me suis jamais senti proche) et le personnage de Fourniret. " Jouir sans entraves " n'était qu'un slogan provocateur. Je ne pense pas que ces doctrines se sont fondées sur cette provocation. Je pense plutôt qu'elles se sont fondées sur le confort apporté par le développement technique. Plutôt sur le slogan : " Ne travaillez jamais ! " (sous-entendu ; créez). Mais certainement pas uniquement sur un slogan. Je ne suis bien entendu pas qualifié pour affirmer ou non que Fourniret jouissait de commettre ses crimes.

  • Très bon blog ! des articles très intéressant !
    bonne continuation
    Emilie

  • @jdal :

    Je cite :"Je pense plutôt qu'elles se sont fondées sur le confort apporté par le développement technique"
    => je n'avais pas pensé à cela, mais c'est possible. En effet le developpement technique nous fournit des outils qui nous donnent l'impression de maitriser notre environnement, d'où les revendications individualistes....

    Je me trompe peut être mais je vois les philosophies des années années 70 comme une forme de délinquance : le "moi d'abord" c'est le refus d'honorer les anciens mais aussi de transmettre à ceux qui arrivent après. C'est en quelque sorte ne pas respecter sa part du contrat.

  • Les philosophies ou peut-être les mentalités, mais celles-là ne vont jamais sans celles-ci. Il y a un lien entre les deux paragraphes que tu as écrits. Il me semble qu’un trait du développement technique est la suppression du passé. Le développement est toujours devant, toujours futur. Il me semble aussi que si l’on se retourne vers ses futurs, on a quelque mal à le constater, ou qu’il est au moins discutable.

    Les philosophies des trente dernières années du dernier siècle ne sont pas seulement celles d’un individualisme forcené. Elles sont aussi celles de ce qu’on appelle la déconstruction, la réduction de toute réalité non pas à un sens, mais à un effet de sens, à une rhétorique. Certes, toute chose ou tout être est un discours, mais pas seulement. Que la réduction du futur au développement produise des philosophies « no future », postmodernes comme on dit, n’est pas surprenant.

    Mais quelle peut être notre part de contrat et que pouvons-nous transmettre ? Nos collectifs sont constitués d’une multitude de quasi-sujets (croissance économique, développement durable, pouvoir d’achat, …) et de quasi-objets (couche d’ozone, gaz à effet de serre, transgènes, …) tout en niant qu’ils en sont constitués.

    1. Collectif et non pas société, pour marquer qu’il s’agit de nature autant que de culture, et non pas de société séparée d’une nature donnée par la science.

  • @Jdal

    La question du rapport de la technique et du temps est en effet fondamentale, j'ai beaucoup refléchi à partir de l'oeuvre de Martin Heidegger à la fois la notion de temps et celle de technique et j'ai la conviction que notre rapport à la technique modifie notre rapport au monde (et bien sur au temps)......l'outil n'est pas juste cet objet anodin qui tomberait juste "sous la main".

    On pourrait dire que l'objet technique construit un futur à partir du présent, et non pas un présent à partir du futur. Je sais que cette phrase doit sembler incomprehensible mais le futur peut être vu aussi comme pre-existant au present (c'est le temps au sens d'Heidegger, temps qui se construit à partir du futur, si j'interprete bien la pensée de ce philosophe)...qu'en penses tu ?

  • Bonne année et bonne pensée, Stéphane

    La construction du présent à partir du futur est en effet corrélative de la technicisation toujours plus poussée du monde. Dans ma lecture de Heidegger, cette construction inversée du schéma classique est une illustration du « principe de Raison », principe de calculabilité totale du monde. Je ne peux cependant m’empêcher d’y voir une philosophie de l’histoire supplémentaire. Autant qu’on discoure et disserte de nanotechnologies et de leurs utilisations futures, je ne suis pas convaincu qu’elles définissent déjà le présent. En revanche, je reconnais un effort de redéfinir le présent en vue leur utilisation. En quelque sorte comme les bolcheviks redéfinirent la Russie en vue d’une société idéale, et comme le capitalisme a redéfini et ne cesse de redéfinir le monde à son usage.

    Dès que l’on sort du plan métaphysique de la réflexion heideggerienne, les résultats futurs de calculs n’échappent pas au présent, donc au possible, même si le futur ne sera que l’effectuation, la réalisation de ces calculs. Il existe une masse de calculs passés dont l’effectuation n’a pas été entreprise et de calculs présents dont la réalisation ne le sera pas. Se représenter autrement l’écoulement du temps me paraît offrir une vulnérabilité aux injonctions telles que « il n’y a pas le choix » et aux alternatives infernales telles « le nucléaire ou la bougie ». Et puisque nous sommes chez Kalima — auquel je souhaite aussi une bonne année (2009 ou 1430) et une bonne pensée—, ce serait une étrange rationalisation de « mektoub ».

  • @jdal :

    Bonne année à toi aussi !

    je cite : "Se représenter autrement l’écoulement du temps me paraît offrir une vulnérabilité aux injonctions telles que « il n’y a pas le choix » et aux alternatives infernales telles « le nucléaire ou la bougie ». "
    => veut tu dire que si on se représente le temps comme autre chose qu'un écoulement alors nous tombons soit dans le fatalisme soit dans un monde rétrograde ?
    Heidegger a tenté, dans la seconde partie de sa vie, d'imaginer un monde qui serait habitable ou le temps ne serait plus cet écoulement sans fin mais ou l'instant qui se donne serait accueuilli dans sa plénitude..... un monde, somme toute, poetique.

    "La construction du présent à partir du futur est en effet corrélative de la technicisation toujours plus poussée du monde."
    => pour moi c'est le contraire. Dans une "prise d'inspiration" présente, le clin d'oeil que nous adresse le futur n'est qu'à demi mot, alors que ce futur que je dessine de part mes calculs présents, est lui tout à fait rationnel

  • Pour répondre précisément, je ne pense que le temps ne soit qu'une fuite en avant. Je préfère d'ailleurs la notion de durée, dont celle d'instant dérive, à celle de temps. Je voulais seulement indiquer que l'idée que le futur détermine le présent implique un temps qui est une fuite en arrière. Ce présent qui n'est qu'un futur rétrospectif est nécessaire à l'assimilation des injonctions et des alternatives infernales.

    Sur le second point, j'ai usé du mot corrélation pour éviter d'introduire une causalité dont je suis en peine d'indiquer le sens. Est-ce la technique qui induit le retour du futur sur le présent ? Ou ce retour n'est-il qu'un avatar de l'idée de progrès, de promesse dont rien ne garantit la tenue ?

    Comme rien ne garantit que les calculs présents déterminent un futur rationnel.

  • simpa ce blog, vos articles et reportages sont trés interressant
    encore merci
    Patrick

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