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l'ordinateur, cet objet archaïque et dangereux

L’ordinateur est le symbole par excellence de la modernité. Pourtant un rapide survol des mythes et de la littérature ancienne nous démontre qu’il est l’un des objets les plus archaïques au monde. L’idée de réaliser des machines intelligentes est aussi vieille que l’homme, elle rejoint le rêve de l’immortalité dans la liste des fantasmes permanents de l’humanité.

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Dans le chant 18 de l’Iliade, Héphaïstos a fabriqué des tables à trois pieds capables de se mouvoir toutes seules dans le palais des dieux. La mythologie grecque relate aussi des histoires de femmes en or, douées de raison, capables de travailler et de parler, Pygmalion ira même jusqu’à épouser une de ces créatures Galatée qu’il a lui-même façonné.

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Dans la tradition juive, le Golem est un être artificiel fait d’argile chargé, en cas de danger, d’avertir la communauté vivant dans le ghetto. Ce mythe du Golem inspirera plus tard à Mary Shelley son personnage de Frankenstein.

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On trouve aussi l’équivalent du Golem dans plusieurs contes des mille et une nuits : des statues posées à la porte de certaines villes s’animent et alertent les habitants dès qu’un étranger s’approche de leur ville, on retrouve là l’ancêtre de la vidéo  surveillance et des systèmes d’alarme. D'ailleurs, la fameuse formule « Sésame ouvre-toi » est tout simplement l’équivalent d’une commande vocale.

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e018c798c55b4aa51a632df9d08a63bf.jpgCes êtres artificiels de la mythologie, ancêtres de l’ordinateur et des automates, sont tous doués d’intelligence, ils sont au service de l’homme mais ils le dépassent par leurs capacités et ce qui étrange c’est qu’ils finissent tous par se retourner contre lui.

 

Ne doit-on pas alors s’attendre au pire quand on sait que les mythes ne sont que des réminiscences de rêves collectifs et que certains rêves sont prémonitoires ?!

 

Saïd B.

Commentaires

  • Au sujet du Golem, il livre superbe de Gustave Meyrink 'le Golem' justement...

  • Prêter nos sens à la machine, voilà qui tient de l'anthropisme. En revanche, au regard du darwinisme, il ne serait pas étonnant que s'invente un autre langage au delà de la physique, puis de la biologie. Sous nos yeux, en ce moment…

  • Bonsoir et un HS :)
    C'est juste pour t'inviter à participer à la compétition SimplyMoroccan dont les détails sont sur mon blog.
    ^^

  • bon, dangereux... sans doute. Comme tout ce que fait l'homme, on peut en attendre le meilleur comme le pire... Ton billet est très sympa !

  • Une fois j'ai été dans la bibliothèque baubourg dans un des bouquins sur lesquels je travaillais j'ai lu cette citation que j'apprécie bp : "méfiez-vous de ce que vous voulez vous finirez tjrs par l'obtenir" !

  • "L'homme succombera tué par l’excès de ce qu'il appelle la civilisation."
    http://yahia.ma/fr/maximes/a-d.html#m59


    Je suis entièrement de ton avis. La majorité va dire qu'il est impossible qu'une machine puisse acquérir une intelligence assez compliquée pour posséder une "conscience" de soi, à cause de leurs croyances et façons de voir les choses.

    À ce sujet, je ne conseillerai pas de voir Matrix, car le film demande un sacré travail de recherche pour être compris en son fin fond. Il faut voir un court métrage d'animation divisé en deux parties intitulé The Second Renaissance, où les auteurs de la saga Matrix expliquent ce qui s'est passé avant l'état de l'humanité dans le film. C'est très fort, et je suis sûr qu'on arriverait à ce stade tôt ou tard.

  • @Marie-Aude et Sylvie, merci

    @une marocaine, j'aime bien la citation que tu as donné, mais il faut se méfier aussi de ce qu'on ne veut pas et que d'autres veulent pour nous ;)

    @Rohic et Réda, je pense qu'on ne transfère à la machine qu'une partie de notre intelligence, celle qui est basée sur le calcul.
    On ne veut pas lui transférer ce qui fait notre spécificité en tant qu'humains, à savoir notre fragilité, et tout le danger est là !
    Reda, merci pour la citation, je la trouve pertinente.

  • Dans "Guerres secrètes", Philippe Sollers compare le Cyclope de l'Odyssée aux caméras de vidéosurveillance. Un seul oeil, mais de la cruauté à revendre.

    Etonnant de voir combien nos vieux mythes éclairent notre modernité...

    Chaque jour qui passe m'en donne la confirmation. Il faut dire que la réalité est tout sauf simple à décrypter. Alors, j'éprouve le besoin de béquilles.

    J'aime bien celles que vous proposez.

  • Article lumineux. Il y a aussi le verre à moitié plein. Le tapis volant préfigurant l'avion, plus récemment, la série Star Strek des années 60 préfigurait le téléphone portable, les portes magiques qui ouvrent sur d'autres mondes ou d'autres lieux du même monde ne peuvent-elles pas être comparées à Internet ? etc...
    Nombres de mythes et de contes des anciennes civilisation ont trouvés un aboutissement sous la forme d'une technologie pratique.

    La question que je me pose et qui me laisse sans réponse est : quels sont aujourd'hui les mythes et les contes de notre demie-civilisation mondiale ? Quels sont nos fantasmes collectifs et sous quelle forme se présentent-ils ?

    Merci pour cet article.
    Mister K.

  • Article lumineux. Il y a aussi le verre à moitié plein. Le tapis volant préfigurant l'avion, plus récemment, la série Star Strek des années 60 préfigurait le téléphone portable, les portes magiques qui ouvrent sur d'autres mondes ou d'autres lieux du même monde ne peuvent-elles pas être comparées à Internet ? etc...
    Nombres de mythes et de contes des anciennes civilisation ont trouvés un aboutissement sous la forme d'une technologie pratique.

    La question que je me pose et qui me laisse sans réponse est : quels sont aujourd'hui les mythes et les contes de notre demie-civilisation mondiale ? Quels sont nos fantasmes collectifs et sous quelle forme se présentent-ils ?

    Merci pour cet article.
    Mister K.

  • Je relis ton article une fois de plus

    Comme tu es prêt de ce que disait Mumford de l'ordinateur

    en même temps que tu en précises le contour avec ce que peuvent voir du réel
    ceux
    qui regardent encore le réel.

    Je crois que tu as encore à dire
    sur ce côté là ...

  • Permet, Kalima, que j'éclaircisse deux points. Pygmalion sculpte Galathée, mais c'est Aphrodite qui lui donne vie. Frankenstein, prénom Victor, est le créateur de la créature qui porte son nom dans le public. D'ailleurs, sous la plume de Mary Shelley, le créateur prend conscience de son acte : sa créature animée, il s'enfuit de la maison et passe toute la nuit dehors à construire ses remords.

    J'en viens maintenant à l'ordinateur, archaïque et dangereux. Archaïque renvoie à la technique d'autrefois, dont on admet aujourd'hui qu'elle n'a rien à voir avec la technique d'aujourd'hui. Mais le qualificatif n'est par forcément impertinent, s'il l'on considère, comme Heidegger et au rebours de l'opinion répandue, que la technique moderne n'est pas de la science appliquée, mais l'origine de la science moderne. Que celle-ci, pour reprendre une représentation de Lucien Sfez, est la fiction provoquée (encore une référence heideggerienne) par la technique moderne pour se réaliser.

    L'ordinateur s'inscrit d'ailleurs dans une fiction, l'utopie de la communication (L'utopie est l'idéologie de la post modernité comme l'idéologie fut l'utopie de la modernité), dont le téléphone portable est un autre objet. La dernière vogue au Japon, m'apprenait ce matin une amie japonaise, ce sont les jeux sportifs interactifs où, par exemple au tennis, le joueur fait le geste qui est numérisé par la machine et produit son effet sur l'écran. Notre conversation se poursuivit sur les instruments de musique électroniques sur lesquels on dispose du son et des tonalités des instruments classiques. Et j'en vins à dire: "Ainsi, il n'y a plus besoin de savoir". Jouer en l'occurence.

    Ne plus avoir besoin de savoir. Peut-être est-ce là le danger. Mais c'est encore Heidegger, dans "La question de la technique", qui invoque ces vers de Hölderlin que tu connais : "Mais là où est le danger, là aussi croît ce qui sauve". Cependant, je ne partage ce que Heidegger entend par ce qui sauve, ni les raisons qu'il donne de la croissance de ce "qui sauve". Pour lui, la technique, moderne, est ce qui assure la suprématie, la puissance de l'être humain, et ce qui le sauve de perdre cette position.

  • Puis-je signaler une actualisation du mythe de Pygmalion : « L’Eve future » de Villiers de l’Isle-Adam (rééd. 1992, P.O.L.) ? Voici l’histoire. Elle commence par une lamentation de Thomas Edison. S’il était venu plus tôt, on entendrait la parole divine comme elle s’énonça au lieu d’en lire les transcriptions humaines discutables. Arrive alors lord Ewald, amoureux fou d’Alicia. Celle-ci est la plus belle femme du monde, mais la vulgarité de son esprit n’a d’égal que la beauté de son corps. « Comment extraire cette âme de ce corps » se demande lord Ewald. Concevant l’impossibilité de cette opération, il projette de se tuer.

    Non, réplique Edison, je vais vous arranger ça. Apparaît Hadaly, organisme artificiel électromagnétique, la matière. Edison lui donne la forme d’Alicia. Puis, par hypnose, il transfère dans cette forme l’esprit d’une femme de grande dignité morale. Pendant ces opérations, lord Ewald élève cinq objections qu’Edison réfute. Ewald et Hadaly partent ensemble. Leur bateau prend feu et ils disparaissent. Edison se lamente à nouveau : Hadaly était unique ; il ne pourra pas la reproduire. On pourrait dire que Villiers pimente le mythe grec de science moderne : électromagnétisme, hypnose (le texte est contemporain des expériences de Charcot), inventeur.

    Cette histoire colle assez bien à l’analyse phénoménologique de la production technique que Heidegger expose dans « La question de la technique » en prenant pour objet une coupe d’argent sacrificielle. L’argent est la matière, la coupe la forme, la finalité le rituel et l’orfèvre, Edison. Dans l’analyse heideggerienne, brodée sur l’ambivalence du mot « Schuld », à la fois dette et responsabilité, la coupe doit à l’argent et celui-ci répond de la coupe ; celle-ci doit à la forme qui répond de la coupe, qui doit encore au rituel qui répond aussi de la coupe, qui doit enfin à l’orfèvre qui répond des trois responsabilités précédentes. Je pense qu’il y a une faille du côté du rituel, dont je ne vois pas comment l’orfèvre en répond ni ce qu’il doit à l’orfèvre. Le chemin de pensée est encore ouvert.

  • Et si le premier ordinateur était le jeu d'osselet, première machine à tirer aléatoirement des nombres binaires dont l'agencement donne un sens au monde?

  • L’idée de réaliser des machines intelligentes est-elle aussi vieille que l’être humain ? L’idée de machine est-elle elle-même aussi vieille que cela ? Et l’idée d’intelligence artificielle ? Il me semble qu’il y a une différence radicale entre Galatée, le Golem et Frankenstein, et même encore Hadaly, qui appartiennent à la fiction ou au mythe, et les machines intelligentes ou l’intelligence artificielle, qui appartiennent à la réalité ou relèvent de l’utopie, qui, de nos jours, n’est que la réalité de demain — contrairement à l’utopie littéraire qui restait dans un ailleurs clos.

    Bien entendu, l’idée de machine n’est pas paléolithique et celle d’intelligence artificielle n’a pas un siècle. Les moins jeunes d’entre nous ont vécu en même temps que Turing, Neumann ou Wiener. Par ailleurs, on ne peut pas confondre les automates, ceux de Héron d’Alexandrie ou de Vaucanson, avec les automatismes modernes. Les moins jeunes d’entre nous ont aussi vécu en même temps que Shannon. Sans sa théorie, au demeurant très pauvre, de l’information, pas d’ordinateur. Je veux dire pas d’idée de l’ordinateur.

    Ces remarques ne sont pas pour froisser, mais l’angle d’attaque n’est peut-être pas le plus pertinent. Considérer l’ordinateur comme archaïque peut faire plaisir, mais ne le rend pas dépassé pour autant. Je pense même qu’il ne nous pas encore montré tout ce qu’il peut nous faire.

  • @jdal : je vois avec plaisir que tu mentionnes Heidegger, Heidegger est un auteur très délicat à aborder, en même temps je le considère comme le philosophe occidental le plus important depuis au moins Aristote. Il a en effet beaucoup réflechi sur le thème de la technique.

    Son essai intitulé "l'époque des conceptions du monde", sur le thème de la modernité et de la technique, avait chez moi eu une résonnance particulière lorsque je l'avais lu il y a quelques années.

  • bien dit

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