Les limites de la démocratie
"les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils élisent des représentants tous les cinq ans mais ils ne sont libres qu'un jour tous les cinq ans : le jour de l'élection." Rousseau.
Certaines mesures gouvernementales ont des incidences énormes sur la vie quotidienne des citoyens. Elles modifient leur présent et leur futur en profondeur. Dans une démocratie, de telles mesures doivent être prises en concertation avec les gens concernées sinon la démocratie perd son âme et devient une coquille vide et un simple slogan.
Par exemple, les décisions concernant l’orientation de la recherche scientifique et l’innovation technologique sont prises en dehors de toute concertation. Or ces décisions bouleversent de manière parfois irréversible non seulement le présent mais aussi l’avenir des citoyens et de la planète. Ces décisions sont prises par des experts qui ne tirent leur légitimité que de leur expertise et non du peuple. Ce qui est en contradiction avec le fondement même d’une démocratie où c’est la légitimité populaire qui doit être au fondement des décisions d’ordre publique. Certes on assiste parfois à des débats autour de certaines décisions comme le nucléaire, les OGM ou l’écologie mais ces débats sont menés à posteriori, et ces débats n’influent guère sur les décisions en matière de recherche scientifique.
Par ailleurs, ces dernières années, les gouvernements en France ont pris plusieurs mesures importantes contre l’avis des citoyens concernés, réforme des retraites, réforme du régime des intermittents, CPE, etc. Mais malgré les luttes menées contre ces mesures, les grèves, les manifestations massives, les gouvernements n’ont pas remis en cause leurs décisions.
La démocratie se réduit de plus en plus à mettre périodiquement un bulletin dans les urnes. Bulletin que les gouvernants utilisent comme alibi pour justifier leur surdité au bruit de la rue, "ce n’est pas la rue qui gouverne » disent-ils. Mais qui doit gouverner alors, le palais ? les experts ?
Commentaires
Je partage ton point de vue totalement .
Le citoyen n'est jamais respecté .
Les politiciens ne voient pas l'Homme dans les individus .
Pour eux , nous ne sommes que des travailleurs , des consommateurs , des marionnettes .
Mais j'irai plus loin que toi dans le pessimisme politique .
Tu utilises le mot démocratie dans son sens habituel , c'est à dire gouvernement du peuple par le peuple , par l'utilisation l'intermédiaires des députés et de ministres responsables devant les députés .
Mais .... cette démocratie là (qui n'est pas respectée comme tu le montres ) suppose que l'électeur a CHOISI en CONNAISSANCE DE CAUSE .
Or , soyons clair , l'alternance , élément indispensable à la démocratie , concerne ou devrait concerner les partis des deux camps en présence : celui des travailleurs et celui des actionnaires des grandes entreprises qui donnent leurs ordres au gouvernement .
Le vrai chef , ce n'est pas le premier ministre ou le président de la République , ce sont les conseils d'administration des multinationnales .
En France , 200 000 familles seulement touchent de près ou de loin ces grands actionnaires .
Ce qui correspond à deux ou trois députés pour toute la France au scrutin proportionnel .
Or ...le parti des grands patrons est majoritaire à l'Assemblée Nationale .
Pourquoi ?
Par ce que nous ne sommes pas dans une vraie démocratie , l'électeur croit avoir le libre choix de vote , alors qu'il est conditionné et vote contre lui même !
Berlusconi en Italie !!!
L'Italie est elle une vraie démocratie ?
Et les USA avec Bush ?
La politique est faite par des hommes ... tout est là !
Quand la lucidité regarde un politique
Elle ne voit qu'une vile enveloppe corrompue
Ornée d'un discours creux et très démagogique
Sentant la pourriture et les idées reçues
L'année dernière, un homme rendit visite à son député qui tenait une permanence dans son village. Celui, neveu d'un boucher, lui dit au bout de cinq minutes qu'il avait constaté que les gens étaient plutôt heureux. L'homme, étonné de ce constat qu'il n'avait pas effectué, s'enquit alors des positions du politicien sur des sujets fort importants pour l'humanité tel que le problème de l'eau potable, l'effondrement de l'institution familiale, les OGM ou les dégradations environnementales. Ce fut pour se voir rétorquer qu'il était un idéaliste......
Effectivement, le pauvre homme ne venait pas voir le député pour le flatter où lui permettre de faire du clientèlisme à bon marché...
En France, avant d'être élu, un député gagne dans son activité professionnelle en moyenne entre 2 et 4 000 euros mensuels. Une fois élu, il va gagner, suivant le talent qu'il montrera à se prostituer pour acquérir des fromages divers environ 5 à 10 fois plus.
La démocratie européenne est très symboliquement représentée par la dernière loi sur la sécurité alimentaire votée par le parlement européen:
l'article 4 (obligation de faire apparaître le taux de sucre contenu dans les produits) a été supprimé suite au lobbying (nom moderne des activités de corruption) des fabricants de sucre allemands.
l'article 14 (obligation faite aux industriels de démontrer scientifiquement les vertus des arguments de promotion des mécaliments) a été supprimé suite aux lobbying des industries agro-alimentaires.
les députés ayant élaboré le projet de loi, donc responsables du texte, n'ont pas été informés et ne se sont aperçus des modifications opérés dans leur dos que le jour du vote.
sans ces deux articles, cette loi n'a plus de contenu... pourtant elle a été votée...
la question sur la démocratie est une question passéiste; aujourd'hui, la réalité s'appelle BRAZIL (excellent film de Terry Gillam) et on lui adjoindra bientôt 1984 avant de planifier le monde de New York 1997.
aucun intérêt de s'en préoccuper, cela va arriver sauf catastrophe qui ne saurait manquer d'advenir.
parle-nous plutôt d'Amour, Kalima
En vrac :
- Je ne suis pas sûr que les décisions politiques aient autant d’importance que tu le pense, et dans tout les cas rien n’est irréversible, une loi peut être amandée, voir annuler par le gouvernement suivant
- Comment tester de nouvelles utopies ?, et sans aller jusque là, comment essayer de nouvelles voies au traitement de tel et tel problème ? si on se réfère uniquement à ce qui semble être la bonne voie, une erreur de jugement peut très bien amener indirectement une amélioration (cf. théorie de la complexité)
-Je ne suis pas sûr que la concertation soit la meilleure manière de prendre des décisions, surtout si elles engagent sur le long terme. Je te renvoi au dernier Sciences Humaines sur « l’intelligence collective ».
La démocratie à depuis longtemps montrée ces limites en matières de représentativité et la question n’est plus aujourd’hui de savoir qui gouverne, mais comment vivre sans gouvernement.
En décodé, pourquoi s’accrocher à un concept : la démocratie alors que dans les faits il n’a jamais vraiment marché.
@ jean,
Nous sommes d'accord sur l'essentiel sauf peut-être sur un point : je ne suis pas pessimiste. La part d'ombre de l'humain ne m'a pas encore rendue aveugle au point de ne pas entrevoir sa part de lumière.
@ gmc,
Lorsqu'on aime, si'inquiéter de l'état de l'être aimé est une preuve d'amour. Par conséquent faire l'état des lieux du monde c'est en quelques sorte parler d'amour lorsqu'on aime la vie et le monde,
@ metalogos,
Je pense qu'il y a certaines décisions concernant le domaine de la technoscience qui ont des conséquences ireeversibles lorsqu'elles affectent durablement l'équilibre de la nature voire l'essence même de l'humain.
kalima,
très jolie réponse
néanmoins, assimiler l'écume (qui se fracassera toujours sur les rochers) à l'océan peut-il être considéré comme une preuve de bon sens?
mais "la crainte ou l'espoir ne change rien à ce qui doit advenir" (proverbe japonais), pourquoi donc s'inquiéter?
Parce qu'en s'inquiétant et en ayant l'espoir pe "fou" de pouvoir changer le cours de ce qui semble inéluctable sont inhérents à la nature même de l'homme et au cours de l'histoire des femmes et des hommes ont prouvé qu'ils pouvaient changer des choses et d'autres prennent la relève et continuent à y croire au jour d'aujourdh'ui... sinon à quoi ça sert de vivre ?
Se battre est bien une preuve d'amour.
P.s. Mais je dois bien reconnaître la pertinence de ton analyse gmc.
Beaucoup de ceux qui méprisent la révolte
et les révoltés
mangent chaque jour
les fruits des révoltes du passé.
C'est joliment dit mon cher bateleur ! ;)
Ce matin, j'étais en réunion de syndiqués, et un délégué du personnel d'une autre entreprise que la mienne a prononcé une phrase que je vous retransmet car elle vient compléter vos réflexions : lorsque je suis dans la lutte, je sais que je gagne, quel qu'en soit le résultat. C'est une victoire pour moi. J'aurai perdu si je n'avais rien fait...
Kalima , nous ne sommes pas d'accord que sur l'essentiel , je parlais de pessimisme "politique " et pas de l'Homme en général .
Entrevoir la part de lumière comme tu l'écris si bien est fondamental même si dans mon cas , ce n'est pas facile dans toutes les occasions : les mauvaises habitudes résistent .
J'ai beaucoup aimé la citation relevée par "le chant du pain ".
Mais "lorsque je suis dans la lutte ..." s'applique également dans le combat avec soi même , avec nos tendances ,avec nos concepts .
Mister Kalima ceux qui gouvernent..c'est ceux qui ont le pouvoir de l'argent et les armes..et aussi les ceateurs de la civilisation de la peur..
C'est mon point de vue..il se trouve que me trompe mais s'arrive..
Respect.
"Si un État est gouverné par les principes de la raison, pauvreté et misère sont des sujets de honte ; si un État n'est pas gouverné par les principes de la raison, richesses et honneurs sont des sujets de honte"
Confucius
On se sent souvent petit, inutile, on a l'impression de ne rien maîtriser car les forces qui gouvernent dans l'ombre nous dépassent, mais si chacun des "inutiles" parle, vote, agit, boycotte ... on changera les choses ! Rappelez-vous, un simple battement d'ailes de papillon en plus ou en moins ... et la terre ne serait pas ce qu'elle est !
La république française perd de sa crédibilité. Sur ca, nous sommes pratiquement tous d'accord. Mais la démocratie dispairait elle pour autant? Je ne pense pas.
Ce qu'en sociologie on nomme les NMS (nouveaux mouvements sociaux) connaissent une montée extraordinaire et son de plus en plus populaire. Le plus récent est la Lutte anti CPE. Mais nous pouvons en citer d'autres. Enfin, la democratie ne s'éteind pas. Elle change! Si l'on prend le temps de jouer à anticiper les faits, je pense que l'on peut dire sans trop se tromper que nous sommes à l'aube d'une révolution. Elle est dans les esprits, pas assez agacés pour le moment mais bien présente. Ce qui adviendra ensuite...
Ta réponse "Lorsqu'on aime, si'inquiéter de l'état de l'être aimé est une preuve d'amour " me fait penser à Charles de Foucauld qui disait "Vouloir aimer, c'est déjà aimer "
Je la trouve très belle. Elle est empreinte d'une sagesse qui témoigne d'une certaine proximité.
Je garde ta réponse pour la mettre dans mes citations.
Le sujet de ton post renvoit à Jacques Ellul.
merci Qwyzy,
De Faoucauld et Ellul deux références à ne pas rater,
Ellul a une reflexion pertinente sur le système technique, son autonomie et le risque que son développement échappe à tout contrôle,
C'est drôle
sur ma table de nuit
(celle qui nuit à mon sommeil -sourire- )
il y a au dessus de la pile
Ellul, Foucauld (peut-être pas le même que le tien -sourire- ) et Massignon
...
Luc
dfdn
Sur ma table de nuit, il y a "la démocratie sur la balançoire" de Roger Quilliot. Je viens d'en relire un chapitre grâce à vous. Pensées trop riches pour être résumer en quelques lignes mais qui répond bien au post et à vos commentaires.
D'après Quilliot, "la démocratie pondérée porte en elle-même les germes de son déclin ; elle suppose un accord sur les règles du jeu ; le débat n'y peut être ouvert jusqu'à ce point où il se détruit. Il vient un moment où il faut le clore et agir, tant il est vrai que l'impuissance de la loi est la pire menace qui puisse peser sur la liberté."
A Jean
As-tu vu le film Bubble?
Un extrait qui te parlera:
http://moonlightsonata.canalblog.com/archives/2006/06/25/2166022.html
Dans une conférence publiée en France sous le titre "La démocratie des autres", Amartya Sen réaffirme que la démocratie ne sont pas les élections, seraient-elles libres et honnêtes, mais le débat public continu entre tous. Il rappelle le témoignage qu'en donne Nelson Mandela dans "Un long chemin vers la liberté". Ce dernier y raconte qu'il n'a jamais vu de démocratie plus achevée que les débats qui se tenaient chez le régent de sa région alors qu'il avait une dizaine d'années. Ce que Sen essaie de montrer, c'est que le débat public n'est pas une invention ni une exclusivité de l'Occident ; que, par exemple, les Africains n'ont pas besoin d'importer un modèle occidental de démocratie.
Ce qui caractèrise les démocraties occidentales, c'est le primat donné aux élections, d'où s'induit le "ce n'est pas la rue qui gouverne". Ce qui les caractèrise, c'est l'impossibilité d'y tenir ouvert à tous le débat public et l'obligation pour ceux qui ne se résignent pas à compter pour rien de porter ce débat dans la rue, d'où le mois de novembre 2005, le refus du CPE, les destructions d'OGM, l'opposition aux expulsions d'élèves, et la liste n'est pas près d'être close au train où vont les politiciens.
Dans cette situation, lutter c'est en effet déjà gagner, c'est aussi vivre encore.
j ' ai un exposé a faire sur "les limites de la democratie" ... est ce que vous avez une idée des sujets a aborder ? parce que j'ai vraiment aucune idée là...
Alors courage. Tu te tapes "La démocratie en Amérique" et "L'Ancien Régime et la Révolution" de Tocqueville, plus si tu as le temps "Les Origines de la Révolution Française" de Taine, et tu as tous les élements pour faire un exposé sur les limites.
j ' ai un exposé a faire sur "les limites de la democratie" ... est ce que vous avez une idée des sujets a aborder ? parce que j'ai vraiment aucune idée là...