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poussière

Rien : du latin rem, quelque chose.

 

"Poussière tu as été,  poussière tu redeviendras"

 

 

Avec ton air de matador,

à courir derrière ta mort,

fardé d’artifice, couvert d’or

tu écrases le faible et tu te crois fort,

 

alors t’es rien ami Terrien,

t’es rien.

 

Tu te crois un être unique, extraordinaire,

tel ce grain de sable qui brille dans le désert,

il nargue le soleil et se proclame lumière,

et oublie que même les étoiles finissent poussière.

 

T’es rien ami terrien,

T’es rien.

 

Depuis qu' les mots te donnent à voir,

la Terre n’est plus qu’un accessoire.

Depuis qu' les chiffres te servent à croire

que tu es le maître, la fin de l’Histoire,

 

T’es rien ami Terrien,

t’es rien.

© Saïd Bailal

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Julee Holcombe, "Babel revisited"

Commentaires

  • Rien : Voila bien un mot dont le sens évolue aux grés des époques et des subjectivités.
    Etre rien, c’est déjà quelque chose, et quelque chose, ce n’est pas rien.
    Ps : J’aime beaucoup ce détournement d’image, qui est l’auteur ?

  • méta, c'est une photo digitale de Julee Holcombe intitulée "Babel revisited",

    je ne sais pas comment de quelque chose "rem" s'est transformé en "rien",
    peut être qu'un latiniste qui visitera ce blog nous renseignera là dessus,

  • La réponse est dans wikipedia : "Le mot rien désigne une absence de chose(s), sans la notion de dénombrement ou de concept mathématique qui s'attache au nombre zéro. « Il n'y a rien ici » signifie qu'aucun objet n'est présent, sans a priori sur la nature des objets qui auraient pu se trouver à l'endroit considéré.

    Il est exact que l'ensemble vide est l'ensemble qui ne contient rien, mais ici le mot « rien » est utilisé comme il le serait dans n'importe quel domaine : uniquement de façon négative. En effet, ce n'est pas la moindre des ruses du rien que d'être entré dans la langue française sous la forme de son exact opposé : le mot latin res, qui désigne toutes sortes de choses et au premier rang d'entre elles la chose publique ou République. Les locuteurs français, après s'être contraints pendant des siècles à toujours préciser la négation ne par une particule complémentaire (ne... pas, ne... plus, ne... goutte), ont fini par négliger la partie la plus importante de la locution négative : ils ne conservent plus guère que la particule complémentaire et transforment la chose en son contraire, c'est-à-dire précisément rien."

  • merci yves,
    c'est très instructif, cela fait partie des mystères des langues humaines en général et de la langue française française en particulier.

  • SEMBLABLE CONTRAIRE

    Que rien ne soit que tout est une évidence prônée depuis la nuit des temps absents par l'émergence de l'équilibre du paradoxe. C'est bien dans l'oubli et la négation de ce paradoxe que l'humain, aussi volatil que peut l'être une image kaléidoscopique, se décerne des lauriers illusoires, couronnant le virtuel agrégat roi des poussières qui irritent les yeux. Par chance, la vie a inventé les pleurs et ces cascades de perles rappellent à chaque instant à l'oublieux qu'il n'existe aucune raison autre que ses délires pour générer du chagrin. C'est dans le terreau insensé que s'épanouissent les fleurs charnues et désincarnées de la matière, c'est hors des potagers aliénés que se résolvent les équations émouvantes du vivant, dix mille soleils dans une main bronzent sous l'éclat serein d'un regard malicieux pendant que l'océan repu baigne dans la quiétude qu'ignore les éphémères.

  • gmc,
    "dix mille soleils dans une main bronzent sous l'éclat serein d'un regard malicieux pendant que l'océan repu baigne dans la quiétude qu'ignore les éphémères."

    très belle image,

    merci

  • Yves a raison, foi de latiniste -contrainte- que je fus plus que de raison, et a fortiori de passion...

    Petit complément rigolo qui rejoint le commentaire de metalogos :

    "Comment ne rien faire ?
    Aujourd'hui, croyant pouvoir me reposer de journées éprouvantes antérieures, j'avais écrit dans mon agenda électronique : RIEN.
    Mais je constate que c'est impossible. Quoi que je fasse, c'est toujours quelque chose même quand ce n'est rien.
    Mais je crois que je sais pourquoi.
    L'étymologie de RIEN c'est REM (accusatif de RES) en latin. Et res veut dire quelque chose.
    La boucle est bouclée."

    (trouvé sur :
    http://209.85.129.104/search?q=cache:Qdhgih6vDCcJ:landroit.skynetblogs.be/+%22%C3%A9tymologie+de+rien%22&hl=fr&gl=fr&ct=clnk&cd=1
    Un site qui semble d'ailleurs assez intéressant de prime abord)

  • merci laure pour l'info et le lien,

    le billet que tu a proposé est effectivement plein d'humour et de philosophie.

  • Au fait, Kalima, ton poème est beau, bien écrit, et bien inspiré aussi, c'est-à-dire tellement juste...

    Mais, pur exercice stylistique, poétique aussi, cela me titille de le convertir sous une forme octosyllabique "classique" !

    Tu es donc au courant de mon prochain message...

  • Donc voilà...

    Mais en octosyllabes -8-, c'était mission impossible, sauf à trahir trop ton message !

    Donc, j'ai mis cela en décasyllabes -vers de 10 pieds - vieille mesure usuelle au Moyen-Age qui fut après supplantée par l'alexandrin -12- plus facile pour s'étaler et bavasser...

    Tu apprécieras, j'espère, qu'entre tes trois quatrains (groupe de 4 vers rimés, dont j'ai conservé d'ailleurs les rimes, par respect et pour le fun !), même les "adresses" au "Terrien" sont aussi en vers de 10 pieds - déstructurés = i.e. pas en ligne !

    Bref, je vais dormir....


    Avec tes airs de macho matador
    Luttant désespéré contre ta mort :
    D’artifice empaillé et couvert d’or
    Tu tues le faible et te crois si fort ?

    Non !
    T’es rien...
    Pauvre ami terrien, t’es rien !

    Toi... : être unique et si peu ordinaire ?
    Grain de sable brillant dans ton désert,
    Mieux que le Soleil, tu te crois Lumière !
    Mais tu oublies que tout finit poussière...

    Pauvre ami terrien,
    T’es rien ...
    Vie de chien !

    Depuis que le Verbe te laisse voir
    Que tu es maître in fine de l’histoire
    Tes chiffres las pervertis te font croire
    Que ta Planète n’est plus qu’accessoire !...

    Vie de chien,
    Sans toi ...
    Nous ne sommes rien !

  • Ce n'est pas du prosélytisme, mais j'essaie toujours de convaincre...

    Je suis peut-être, fervente agnostique et laïque, n'aimant pas vraiment les dogmes religieux, un petit peu trop "morale mystique", et "chrétienne" parfois, quand les Evangiles ne me gavent pas trop...

    Je suis née en Algérie, Alger, El Biar !

  • Pour Laure,

    Vers dorés

    Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

    Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
    A la matière même un verbe est attaché ...
    Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

    Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
    Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
    Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

    Gérard de Nerval

    Bien qu'en dodécasylles, ce texte de Nerval a la magie d'une feuille au vent. Le talent et le génie, l'inspiration magique de Pythagore aussi peut-être. Nerval peut tout se permettre.

    Cela dit, il faut craindre toujours, dans l'écran du monde, les regards qui ns épient... Enfin, cela a-t-il beaucoup d'importance ? C'est le seul point du poème avec lequel je ne suis pas d'accord.

    Je suis peut-être à côté, avec mon comment, mais votre discussion avec Kalima m'a tout simplement rappellé le fond des choses. Pour le reste...

  • Rien me rappelle "personne". Pourquoi le vocable "personne" - au-delà de l'étymologie - ressemble-t-il à son contraire, une personne ? l'absence et la présence pour le même mot. entre les deux, "l'illusion" dirait Métalogos ?

  • merci Laure pour ta réecriture du poème, elle est très bien réussie,

    je suis de formation scientifique et je n'ai pas beacoup de connaissances en matière d'écriture poétique,

    mon texte "ami terrien" est plus oral qu'écrit, il m'est venu plus par un souffle et à l'oreille et non une plume à la main,
    j'aime le déclamer en public quand j'en ai l'occasion,

    endora, merci pour les vers de Nerval, ils sont toujours d'actualité, il confirment que les grands poètes sont des visionnaires. Si seulement on les écoutait un peu plus que les experts et futurologues

  • Merci Endora

    J’adore Nerval, mais cela faisait bien longtemps que je n’avais pas relu ce poème.

    Sa vision religieuse -ou mystique- s’appelle du “panthéisme”, je crois, c’est-à-dire que la Divinité est partout en chaque chose, et que la différence entre l’animé et l’inanimé est abolie.
    (après recherche, c’est effectivement cela, et pour aller plus loin :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Panth%C3%A9isme )

    Je ne pense pas que “craindre” et “épier” aient un sens vraiment négatif ou vindicatif, c’est un rappel de la responsabilité individuelle, et d’une conception “religieuse” où tout est en intercausalité et interaction.

    Efectivement, pour “personne”...
    Cela m’a fait penser à un blog qui joue beaucoup sur ces paradoxes de mots ou d’expressions, un vrai régal souvent quand on remonte dans ses archives !
    http://melimelo.skynetblogs.be/
    Juste un exemple :
    “Hier, je suis tombé sur moi, par hasard,
    et j'avoue que j'ai eu du mal à m'en relever.”

    Kalima, merci itou

    Effectivement ton texte était plus oral... d’où la difficulté (seuls des génies tels Nerval justement y arrivent) à le maintenir fluide quand on le coule dans des moules poétiques imposés.

    Perso, je suis totalement de formation littéraire, prof de français un temps, puis psychanalyste, puis conceptrice graphique...

  • Comme j'aime ton poème, Kalima ! Justement parce qu'il a jailli du coeur, et non du mental. Merci.

  • très joli poème Kalima, j'en aime beaucoup les ruptures de rythme
    rééquilibrées par le refrain
    si je devais le chanter
    la phrase " t'es rien ami terrien, t'es rien"
    serait une phrase chromatique descendante
    Sol fa dièze fa mi mi bémol ré, do dièze si...
    Je ne sais pourquoi cela s'impose dans mon oreille.

  • merci pour le commentaire et pour la découverte de Julee Holcombe et cette belle image symbolique de notre monde contemporain

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