Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

petite leçon de dissection

medium_homme-machine.jpg"Je est un autre" A. Rimbaud

 

Si on dissèque l’être de chair que nous sommes, on ne trouvera que tuyauteries, viscères, cellules et molécules. Et si on lève la peau à l’être de parole que nous sommes, on ne découvrira que normes, automatismes, habitudes et conventions.  Des machineries, certes complexes, mais qui restent de vulgaires artifices reproductibles à l’infini.

 

Mais alors d’où vient ce « moi, Je ! moi, Je ! » ?

 

Se réduit-il à une simple combinaison de ces deux artifices ?

 

 

Certaines interrogations éternelles que se posent les humains depuis toujours ne prennent sens pour un individu que dans des circonstances particulières. Je me souviens d’une drôle de sensation que j’ai eu il y a six ans après avoir subi une intervention chirurgicale qui avait nécessité une anesthésie générale.

 

Avant l’opération, on m’avait allongé sur un lit d’opération. On raccorda mon corps à plusieurs tuyaux. Le médecin anesthésiste avait l’air d’exécuter machinalement certains gestes. On aurait dit un mécanicien, il aurait suffi pour cela de quelques tâches noires sur  sa blouse, ses mains et son visage. J’ai eu l’impression d’être une simple machine dont on allait réparer quelques rouages.

Je me suis réveillé quelques heures plus tard. Une infirmière se pencha vers moi pour m’annoncer avec un sourire artificielle et une voix monotone que l’opération s’était bien passée. Une légère angoisse et  une sensation de vide s’emparèrent de moi : "où étais-je durant l‘opération ? "

J’étais convaincu d’avoir cessé d’exister pendant toute la durée de l’opération chirurgicale. Et pourtant !

 

Tableau : Homme-machine, Michel Grimard

Commentaires

  • Ton post m'a fait penser à "Tout est un", un tout petit livre magistral qui condense l'enseignement de l'advaïta vedanta :
    "Qui es-tu ? Ce corps est-ce toi ? S'il en est ainsi, pourquoi n'as-tu pas conscience du serpent qui glisse sur lui lorsque tu es en sommeil profond ? Certainement, tu es autre que ce corps. Parfois, dans ton sommeil, tu as un rêve, tu t'identifies à un personnage..."

  • La vie est un songe... Mais il faut se dire que ns sommes un peu plus que de la mécanique plaquée sur du vivant. Il vaut mieux penser cela, je crois.

    Quant à l'infirmière, Kalima, pas d'accord. Cette idiote, avec son sourire de circonstance, aurait du se rendre compte qu'il y avait là un joli garçon endormi, comme un prince charmant ! Et vous réveiller... d'un baiser !

  • Quote :
    Et si on lève la peau à l’être de parole que nous sommes, on ne découvrira que normes, automatismes, habitudes et conventions.
    -------------------------------------------------------------------------

    En lisant ceci, j'ai pensé à quelques expériences que j'ai eu en prenant certaines substances pas trés catholiques : On se rend compte que toute notre vie n'est qu'un système de valeurs (quoique le terme n'est pas vraiment adéquat) avec lesquelles nous avons été conditionnés et que nous suivons sans trop nous poser de questions.
    Nous passons la majeure partie du temps occupés par des questions trés terre à terre et à tenter d'évacuer toute tentative de voir au-delà de ce que nous semblons être.
    My 2 cents.

  • Quote :
    Et si on lève la peau à l’être de parole que nous sommes, on ne découvrira que normes, automatismes, habitudes et conventions.
    -------------------------------------------------------------------------

    En lisant ceci, j'ai pensé à quelques expériences que j'ai eu en prenant certaines substances pas trés catholiques : On se rend compte que toute notre vie n'est qu'un système de valeurs (quoique le terme n'est pas vraiment adéquat) avec lesquelles nous avons été conditionnés et que nous suivons sans trop nous poser de questions.
    Nous passons la majeure partie du temps occupés par des questions trés terre à terre et à tenter d'évacuer toute tentative de voir au-delà de ce que nous semblons être.
    My 2 cents.

  • Bonjour Kalima
    Apropos de ta question de l'autre jour, oui je suis de Nador.

    Pour ton texte "petite leçon de dissection", après l'avoir lu, une question m'ai tombé comme un tit caillou sur ma tite cervelle:
    -Ne serions pas par hasard , nous les êtres humains que de simples tubes digestifs??

    Amitiés

    Mohamed

  • Et qu'est-ce qui t'assures de te réveiller dans le même corps ... ?

    Oui
    la question de l'être est fondamentale
    et les réponses des théories de l'émergence
    (le compliqué finirait par produire le complexe)
    ne sont pas satisfaisantes.

    Quand à la numérisation à marche forcée du monde

    nous sommes bien d'accord
    je crois...

  • Je est un autre.

    Un de mes vers préférés de mon beau salaud, Rimbaud.

    Que dire, Kalima, que dire sur cette automatisation humaine. Il est très frustrant de voir que sans le vouloir, nous nous y engageons. Il est encore plus frustant de voir que nous n'avons aucun moyen de nous empêcher de vivre sans nous conformer à ces éthiques, règles, étiquettes que l'on valorise en société. "Tu dois faire ça", "Tu dois être comme ça", "Tu ne dois pas dire telle chose". Déjà, petit on nous conditionne à être des machines. Rappelez-vous quand votre mère vous disait qu'il ne faut pas manger avant que tout le monde soit à table, ou encore qu'il ne fallait pas dire tels mots. Eux même ont été conditionné ainsi, nous le sommes, et nos enfants le seront sans aucun doute.

    Une chose qui m'a le plus attiré dans ce texte, c'est lorsque tu parles de l'homme-machine, des rouages qui l'habite. J'étudie en Nursing, c'est vrais que d'un "client" à l'autre(oui, parce qu'aujourd'hui on ne parle plus de patient mais bien de client) nous effectuons les mêmes choses, la même routine. Il faut s'assurer que Mr. X a bien uriner ce matin, que M. Y n'a plus de douleurs au ventre, que Mr. Z a reçu ces médicaments. Et la journée d'après, les noms changent mais le reste non. Cependant, je trouve que ce métier est le plus enrichissant qu'il soit. Croyez-moi, chaque jour je ne rentre pas sans avoir appris quelque chose sur la vie, la mort, l'être humain face à sa fin.

    Automatisé ou pas, conditionné ou non, il reste que l'homme est la plus belle machine. Il revient à nous de décidé si elle le restera ou non.

  • Bonjour
    Cette note me renvoie vers une des miennes intitulée "La cage". Avec votre profil ainsi qu'avec d'autres notes, je dirais que nous partageons toi et moi beaucoup de choses. Cela me fait plaisir en espérant que ce soit réciproque.
    Bien à toi Kalima
    RAFRAFI

  • "si l'on dissèque l'être de chair que nous croyons être..." serait plus juste, tout comme "l'être de parole que nous croyons être..." le serait aussi.
    si on sort de ces deux normes qui ne sont que croyances - dont on pourrait demander une démonstration que personne ne serait en mesure de fournir-, la vision s'éclaircit considérablement...et donc le discours change radicalement....il gagne en profondeur de vue, d'une certaine manière et, en épaisseur ou en absence d'épaisseur d'un autre côté.

  • désolé de ne pas répondre à toutes les interventions faute de temps.

    Rafrafi> le plaisir est partagé, j'ai mis un lien vers ton blog pour permettre à d'autres de connaître tes écrits.

  • Je viens de lire ce blog par hasard. On y associe mes travaux...je devrais dire une petite partie de mes travaux.

    Je sais, il n'y a pas de hasards...juste des liens qui se forment dont nous ne saisissons pas encore le sens ou la raison d'être.

    La machine humaine ou tout autres types de systèmes ont
    une équivalence spirituelle...toute forme matérielle est une représentation d'une forme d'énergie spirituelle.

    La limite entre ce qui est ''vivant'' ou pas, est vague.

    ''...je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges''
    Arthur Rimbaud

Les commentaires sont fermés.