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  • De l'architecture

    Après avoir achevé la construction d'un batiment, un des plus grands architectes modernes invita son ami, un vieux sage Africain pour lui faire découvrir de quoi il a été capable.
    Il voulait l'impressioner. Alors il lui montra les escalators qu'il avait conçu, lui a fit visiter tous les étages, les bureaux, le mobilier moderne. Il lui montra les structures métalliques qui soutiennent le batiment.
    A la fin de la visite, l'architecte demanda au sage Africain :
    - qu'est ce qui vous a le plus impréssionné dans mon oeuvre ?
    Le sage lui répondit
    - ce qui m'a le plus impressionné c'est le fait que la terre soit assez solide et robuste pour soutenir ce tas de ferraille et de béton !

    Deux conceptions du monde : l'une qui n'a d'yeux que pour le produit éphémère de l'homme fut-il le plus grandiose et le plus génial, et l'autre qui n'oublie pas la futilité de toute oeuvre humaine face à la grandeur et à l'oeuvre du plus grand des architectes.

  • Poè-m-onde

    Les couchants et les générations.
    Les jours et aucun ne fut le premier.
    L'eau, sa fraîcheur dans la gorge d'Adam.
    Le Paradis ordonné.

    L'oeil qui lit la ténèbre.

    L'amour des loups à l'aube.
    La parole.

    L'hexamètre.

    La glace.
    La tour de Babylone et la superbe.
    La lune que regardait
    la Chaldée.
    Les grains de sable sans nombre du Gange.
    Chuang-Tzu, le papillon qui le rêve.
    Les pommes d'or aux îles du couchant.
    Les pas du labyrinthe vagabond.
    Le tissu infini de Pénélope.
    Le temps circulaire des stoïciens.
    L'obole mise entre les dents de la mort.
    Le choc dont l'épée grève la balance.
    Chaque goutte d'eau lâchant la clepsydre.
    Les aigles, les fastes, les légions.
    Jules César au matin de Pharsale.
    L'ombre que sur la terre font les croix.
    Les échecs et l'algèbre du Persan.
    Les traces des longues migrations.
    Les royaumes subjugués par l'épée.
    Les flots ouverts, la boussole incessante.
    L'écho de la montre dans la mémoire.
    La hache qui fait justice d'un roi.
    Des armées devenues poudre incomptable.
    La voix du rossignol au Danemark.
    Le scrupuleux tracé du calligraphe.
    La glace où se reflète le visage de l'homme qui va se suicider.
    L'or avide.

    La carte du tricheur.
    Les formes de la nue dans le désert.
    Chaque avatar du kaléidoscope.
    Chaque remords, chaque soin, chaque larme.

    Il a fallu toutes ces choses, toutes
    pour que nos mains aient pu se rencontrer
     
    J.L Borgès 
  • Rêves

    Nous ne sommes jamais au réveil, la même personne qu’on était la veille.

    Le jour nous fuyons la mort, pour tomber la nuit, en rêvant, dans ses bras.

    Nous mourrons ainsi de nos rêves. 

     

    © Saïd Bailal