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poésie - Page 3

  • nous sommes tous des polyglottes (I)

    Les mots voyagent. Après un séjour plus ou moins long dans un autre lieu que leur lieu d’origine, certains mots parviennent à obtenir une reconnaissance officielle, des titres de séjour définitif leur sont accordés par les hautes autorités académiques.

     

     D’autres mots restent clandestins, des sans-papiers malgré leur insertion dans les idiomes locaux. Ils finissent par s’acclimater aux règles linguistiques de leur pays d’accueil, ils se métamorphosent au point de rendre leurs racines méconnaissables.

     

     

    Le mot du dialecte marocain « zoufri » en est un exemple. Ce mot signifie « voyou », « mauvais garçon » ou « célibataire débauché». Ce mot est apparu avec l’installation des premières usines au Maroc par les colons Français au début du XXème siècle. Les ouvriers qui y travaillaient provenaient des campagnes. Ces ouvriers étaient en général célibataires ou des hommes mariés qui ont laissé leur famille au douar. Se retrouvant seuls, ils s’adonnaient les soirs à l’alcool, invitaient chez eux des prostituées, organisaient souvent des fêtes bruyantes. Les citadins se plaignaient souvent de ces ouvriers. 

     

     

    C’est ainsi que le sens du mot «les ouvriers » a glissé pour signfier mauvais garçon ou voyou, et comme en phonétique arabe le « v » se prononce « f »,  le mot « les ouvriers » est devenu « zoufri ».

  • poussière

    Rien : du latin rem, quelque chose.

     

    "Poussière tu as été,  poussière tu redeviendras"

     

     

    Avec ton air de matador,

    à courir derrière ta mort,

    fardé d’artifice, couvert d’or

    tu écrases le faible et tu te crois fort,

     

    alors t’es rien ami Terrien,

    t’es rien.

     

    Tu te crois un être unique, extraordinaire,

    tel ce grain de sable qui brille dans le désert,

    il nargue le soleil et se proclame lumière,

    et oublie que même les étoiles finissent poussière.

     

    T’es rien ami terrien,

    T’es rien.

     

    Depuis qu' les mots te donnent à voir,

    la Terre n’est plus qu’un accessoire.

    Depuis qu' les chiffres te servent à croire

    que tu es le maître, la fin de l’Histoire,

     

    T’es rien ami Terrien,

    t’es rien.

    © Saïd Bailal

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    Julee Holcombe, "Babel revisited"