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L'entre-deux

"Le poisson pense que l’espace entre les gouttes de pluie est mortel"

Parviz Chapour, poète iranien.

 

"L'aptitude au bonheur

touche à cette capacité à percevoir

pendant l'averse

l'espace libre laissé entre les gouttes d'eau"

Luc Comeau-Montasse

 

"Fish and Scales" : gravure de M.C. ESCHER

medium_fish_and_scales.3.gif

L'entre deux

cet espace où s'anihilent tous les lieux,

espace où s'originent tous les repères.

 

Lieu du tiers inclus, où le A et le non-A se tendent la main,

où la lumière ne renvoie plus l'ombre à sa honte.

 

L'entre-deux

Chemin möbiutique  où l'on passe d'un bord à l'autre sans quitter ni l'un ni l'autre.

Ce lieu où s'épanouit la pensée hybride et décalée.

ce lieu de tous les lieux, où on peut être là en même temps que l'autre,

ailleurs en même temps qu'ici,

ouverture où le "Je" est un ensemble inombrable d'autres.

 

L'entre-deux

lieu de tous les risques mais aussi de tous les espoirs,

le poisson qui s'y aventure doit inventer, pour s'épanouir,

de nouvelles manières de respirer sinon il risque l'asphyxie.

© Saïd Bailal

Commentaires

  • l’espace entre les gouttes de pluie est mortel
    wawwwww. Mortelle cette citation!! a méditer !
    Merci kalmia


    Larbi ... un poisson sur le net

  • Quelle note riche est travaillée…comme quoi les blogs peuvent être autre chose que de l’égotisme de pacotille.
    Une note riche pour un sujet qui demande du temps de réflexion(les liens sont excellents).

  • J'aime bien la citation de Luc Comeau-Montasse : le bonheur tient parfois à si peu de chose, un infime "entre deux"... on passe souvent à côté, effectivement, il faut bien parler de "capacité" à le saisir parce que celle-ci n'est vraiment pas donner à tout le monde... parfois on pense le saisir, l'apercevoir mais rien à faire, on est "aveugle" et on passe à côté ! grrrr

  • En écho : L’être-entre cher à Deleuze, seule manière de sortir des dualismes, passer entre, intermezzo, ne pas cesser de devenir. « Devenir tout le monde, c’est faire monde, faire un monde. A force d’éliminer ce n’est plus qu’une ligne abstraite, ou bien une pièce de puzzle en elle-même abstraite. Et c’est en conjuguant, en continuant avec d’autres lignes, d’autres pièces qu’on fait un monde qui pourrait recouvrir le premier, comme en transparence. L’élégance animale, le poisson-camoufleur, le clandestin : il est parcouru de lignes abstraites qui ne ressemblent à rien, et qui ne suivent même pas ses divisions organiques ; mais ainsi désorganisé, désarticulé, il fait monde avec les lignes d’un rocher, du sable et des plantes pour devenir imperceptible. » Mille Plateaux. Extrait de Devenir-Intense, Devenir-Animal, Devenir-Imperceptible. Gilles Deleuze et Felix Guattari

  • ATTEINDRE LE BOUT DU CERCLE

    Celui qui n'est pas né à la Vie peut mourir
    Sans vraiment découvrir qu'il n'est que revenu
    Qui peut bien au bout de ce cercle parvenir
    Sans avoir su contempler la vérité nue

    Entre absolu et relatif règne l'action
    Dont le joli principe s'appelle contemplation
    Absolu et relatif ne sont que fusion
    Qu'on découvre au coeur même de la non-action

    L'individuation se situe hors logique
    Tant qu'on reste dans le domaine de l'empirique
    Un doigt solitaire ne peut fuir hors d'une main
    C'est là la tragédie du destin de l'humain

    Dans ce monde de pure perfection au soleil
    Pourquoi n'est-il que peu de miel chez les abeilles
    Tant qu'elles se prennent pour de jolis mais faux bourdons
    Elles n'ont pas dépassé le stade des poissons

  • L’un d’antre...
    ... noue ......
    repaire l’autre.

  • miaule quand on souffle dans ses branchies.

  • J'aime beaucoup le chemin de pensée que tu tisses là
    et notamment
    l'arrivée jusqu'à ces poissons de Escher
    dont certains sont l'eau des autres
    ...
    un retour à cette poussière dont nous sommes tous fait ?

    Sinon,
    oui
    souvent les jeunes disent "ça me gavent"
    que j'ai envie de traduire par
    il me manque de l'eau, de l'air, un peu de néant pour prendre mon essort
    là où ce que vous me proposez n'est que concentré de ce que vous jugez important pour devenir homme.

    La vie s'étend sur ses marges
    alors le souffle retrouve un peu d'espace intérieur

  • Ce soir je n'ai que peu de temps pour écrire , mais après avoir lu cette nouvelle page , je ne peux attendre demain avant de dire à quel point ces textes et dessin me touchent beaucoup .

    J'ai envie d'ajouter un autre "entre deux ": "je" apparait dans l'intervale entre deux pensées ...
    Ramana Maharshi

  • Plic
    Espace
    Ploc
    Temps
    Goutte d’eau
    vide

  • 1+1=+

    (de mon ami ahman-antoine)

    et ce vide qui résonne, hein?

    peut être que finalement, si je touche mon écran je vous touche?

    entre vous et moi des synapses de lumières
    comme des cordes dans le blizzard qui consonnent
    l'autoréférence et les brins d'une guirlande éternelle
    grand véhicule grand code ou le secret secret du secret

  • Magnifique et surtout si JUSTE, encore une fois...

    L'entre-deux est ce qui à mon sens définit le mieux une certaine génération dont je fais partie..

    C'est l'espace entre le "plus tout à fait" et le "pas encore".

    L'entre-deux c'est le présent impalpable qui file entre les doigts comme le sable des dunes.

    C'est le poète. Et quand il s'appelle Georges Schéhadé, c'est l'âme humaine qui se glisse entre les mots.

    "Il y a des jardins qui n'ont plus de pays
    Et qui sont seuls avec l'eau
    Des colombes les traversent bleues et sans nids

    Mais la lune est un cristal de bonheur
    Et l'enfant se souvient d'un grand désordre clair"

  • sur l'entre-deux ; cet instant où cela devient ceci, disait Borges en parlant du fantastique.
    Le royaume de l'entre-deux : pas encore né, déjà disparu ! le rêve peut-être, espace-temps entre la vie et... autre chose ?

  • merci à tous pour m'avoir éclairé sur certaines facettes de ce concept de "l'entre-deux",

    on retrouve des équivalents de ce concept chez Deleuze, comme le montre le texte proposé par zaïat,
    mais aussi chez les taoïstes dans ce qu'ils appellent "le vide médian",
    chez certains théologiens soufis dans ce qu'ils nomment "le barzakh" ou "maraj albahrayne",
    chez certains écrivains Sud Américains tel Octavio Paz, chez le philosophe d'origine iranienne Darwich Sheyagane, chez l'écrivain sud africain d'origine indienne Homi Bhabha,

    je pense qu'un "concept" qui se retrouve dans plusieurs cultures différentes et qui travesre les siècles est un filet pertinent pour saisir une partie du réel.

  • bonsoir ;)

    les espaces et entre espaces sont fascinants !

    "L'aptitude au bonheur

    touche à cette capacité à percevoir

    pendant l'averse

    l'espace libre laissé entre les gouttes d'eau"

    Mon dieu que c'est beau !

    J'aime !

    Merci ;)

  • Alors comme ça "le barzakh" ou "maraj albahrayne" ne serait qu'un thème ou un concept philosophique et pas une réalité scientifique révélée par la religion !
    j'aime bien ton espace.

  • "l'espace entre le plus tout à fait et le pas encore" ...

    En fait, selon la théorie des particules, le "système antagoniste contradictoire", se définissant ainsi :

    1. Antagonisme (contradictoire)
    2. Hétérogénéité (désir antagoniste)
    3. Homogénéité (acceptation)
    4. Actualisation (acte)
    5. Potentialisation (dépassement vers...)

    et nouveau système antagoniste etc, etc...

    Les propensions constructives et créatrices se trouvant aux limites de chaque phase, "ce vide médian" amenant à l'évolution du système se trouve ici démontré (et démonté) scientifiquement.

    Je préfère à cela les mots de Poushkine mais si ça peut consoler Youness qui rêve de vérité scientifique !

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