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Baudrillard n'est plus

medium_baudrillard-pic.gifJean Baudrillard vient de s’éteindre. Il incarnait la figure d’un penseur vagabond. Il aimait traiter de tous les aspects de la vie quotidienne. Aucun détail n’échappait à son regard d’analyste, cet autre regard finissait par nous surprendre en nous restituant un réel inattendu échappant à nos yeux atteints par la myopie de l’habitude.

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 Sa réflexion majeure a été son analyse de l’image. Pour lui, le réel tend à s’effacer devant le " simulacre ". Derrière la plupart des images, quelque chose disparaît. Parce qu’à vouloir tout montrer, l’image annihile la présence des objets, elle aboutit à l’absence. L’image ne représente pas la réalité mais nous met en présence de palpitations de vie et de mort, et finalement d’une absence que ne saurait combler la multiplicité de représentations médiatiques dont nous sommes chaque jour abreuvés. Cette réflexion a été illustrée à merveille par la première guerre du Golf.

 

Sa pensée a eu une grande influence au delà même des cercles universitaires. Selon les réalisateurs de la trilogie Matrix, son ouvrage "Simulacres et simulation" eut une influence majeure dans le scénario.

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Sa plume de sociologue cache celle d’un vrai poète. Il avait la capacité à décrire son époque, à l’analyser, à forger des concepts avec un réel talent littéraire qu'on retrouve, par exemple, dans l'extrait suivant de "L'Echange impossible" :

“Libérée de toute fonctionnalité, désormais dévolue aux machines intellectuelles, rendue à la clandestinité, la pensée redevient libre de ne mener nulle part, d’être l’effectuation triomphale du Rien, de ressusciter le principe du Mal. Voilà qui change toutes les perspectives. Car on se disait (sur le modèle de Cioran :” quel dommage que pour trouver Dieu, il faille passer par la foi !”) : Quel dommage que pour parvenir au monde, il faille en passer par la représentation ! Quel dommage que pour dire les choses, il faille en passer par le sens ! Quel dommage que pour connaître, il faille en passer par le savoir 'objectif” ! Quel dommage que pour que quelque chose fasse événement, il faille en passer par l’information ! Quel dommage que pour qu’il y ait de l’échange, il faille en passer par la valeur !

 

 

Eh bien, c’est fini ! Nous sommes libres d’une autre liberté désormais. Délivrés de la représentation par leurs représentants eux-mêmes, les hommes sont enfin libres de ce qu’ils sont sans passer par personne d’autre, ni même par la liberté ou le droit d’être libres. Délivrées de la valeur, les choses sont libres de  circuler sans passer par l’échange et l’abstraction de l’échange. Les mots, le langage sont libres de correspondre sans passer par le sens. De même que, délivrée de la reproduction, la sexualité devient libre de se déployer dans l’érotique, sans le souci de la fin et des moyens.

 

Ainsi s’opère le transfert poétique de situation.”

Commentaires

  • Bonjour Kalima,

    Et oui Baudrillard n'a pas eu lieu, sa mort est un simulacre, comme sa vie a été un complot contre la réalité. Un crime parfait.
    Restent sa critique brillante, son altérité radicale, ses photographies et ses aphorismes dont je continue à me délecter (la série Cool Mémories). je cite de mémoire :
    "à une certaine vitesse, celle de la lumière il n y a plus d'ombre ;
    à une certaine vitesse, celle de l'information, il n y a plus de sens"
    Bien plus que ses oeuvres de début, académiquement reconnues (le Système des objets, l'Echange symbolique et la mort, De la séduction), ce sont ses oeuvres plus polémique et a-académiques de la fin que je préfère, notamment la Transparence du Mal et l'Echange impossible.
    Sans prétention ni fausse modestie, c'est le seul auteur dont je peux me prévaloir personnellement de la lecture exhaustive de l'oeuvre (y compris les articles et les photos, les entretiens, les sites internets consacrés ... et même le livre de Sokal et Bricmont (imposture intellectuelle) qui le visait en premier avec Jacques Derrida, Paul Virilio et d'autres.
    J'aimerais bien faire un de ces qutre une thèse sur Baudrillard.

  • Des photos de baudrillard sur mon blig : http://garawal.blogspot.com/2006/01/nas-tu-pas-froid-aux-pieds.html

  • Blague pas forcément terrible et peut-être même pas politiquement correcte :

    Se présentant devant le Seigneur, Baudrillard s'entend dire :
    - Tu es là toi, ta place en enfer t'attend
    - Pourquoi Seigneur ?
    - Tu as cherché à ruiner mon oeuvre en niant la réalité et tu m'as inventé un associé avec le Mal absolu
    - Je proteste seigneur
    - Parce que en plus tu oses nier ?
    - Seigneur ! Da'bord ma création est un complot contre l'art éternel, ensuite ma vie n'a été qu'un simulacre radicalement différent de tout autre simulacre et enfin ma mort n'a pas eu lieu.

  • Un peu emporté, le Jean. Les hommes libres de ce qu'ils sont sans passer par personne d'autre, est-ce que ça ne réduit pas le déploiement de la libre sexualité dans l'érotisme à l'onanisme? Le simulacre ne l'a-t-il pas poussé à l'abstraction de l'abstrait ?

  • Cette liberté il faut encore se pencher pour la cueillir

    mais c'est vrai
    elle n'a jamais été plus ouverte
    (tout près de se faner ?)
    à moins (ma vue est basse) qu'elle ne soit au contraire
    un bouton sur le point d'exploser ?

    le pouvoir de la liberté est inversement proportionnel
    au nombre de ceux qui s'en servent
    santé
    la fleur (ou la felur)

    Merci Kalima pour cet article parfumé

    Luc

  • Je me rendais au concert de DAMIEN RICE à Lyon, il était 19h03 lorsque mon cellulaire dit en sms :
    "BAUDRILLARD = Mort biz" ma soeur , à travers cette baudrillardise" media is the message" m'annonçait qu'un penseur nous quittait.
    Un jour, Sollers écrivit "une page de NIETZSCHE et vous pouvez brûler une bibliothèque entière" on pourrait attribuer cette réplique à GIN BI( J.B).
    La pensée oblique et transversale que fut celle de Jean Baudrillard, nous emmène comme un prélude interminable, vous savez ce fameux " seuil de l'instant" où la couche poétique du verbe rencontre la lecture clairvoyante, précise et libre du sens, de tous les sens. Un éveil pour la pensée.
    LE ROSEAU NOUS QUITTE ET LENTEMENT CETTE EQUATION EN SMS RESTERA ETERNELLE. L HOMME N'EST QU' UN RESEAU MAIS RESEAU PENSANT...SALUONS L'ARTISTE !
    full and cool memories , nous lèverons un jour notre verre à ta santé au GROUND ZERO BAR....MEDORO M.

  • voir

    http://shgaga.blogspot.com/2007/03/in-memoriam-jb_10.html

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