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société

  • par delà le bien et le mal

    Lorsqu'un chat enfonce ses griffes dans le corps d'une souris, il ne s'interroge pas sur la souffrance qu'il engendre. Il ne fait que perpétuer un instinct. Il se contente de répondre au besoin vital de se nourrir.

    Jusqu'à preuve du contraire, il n'y a pas eu chez nos amis mammifères carnassiers une minette comme Brigitte Bardot pour s'indigner du sort réservé par ses pairs aux rongeurs, aux oiseaux ou aux poissons. Mis à part dans un épisode de Tom et Jerry, on n'a jamais vu des chats constituer une société de protection des souris ou condamner les atrocités commises par leurs semblables. Normal, le chat est incapable de s'identifier à l'une de ses proies pour ressentir la souffrance qu'il lui inflige.

    Contrairement à l'animal, l'homme est capable de se projeter dans la peau d'autrui, il peut donc éprouver ce que ressent l'autre. Cette faculté peut engendrer chez lui de la compassion, de l'empathie et une volonté de protéger le plus faible. Elle peut le conduire à transformer ses pulsions destructrices en idéal du Bien. Mais paradoxalement, elle peut aussi créer chez lui un comportement sadique ou un désir de vengeance. Elle peut le précipiter dans le camp du Mal.

    Le monde animal est exclu du mal. On n'a pas encore vu des animaux inventer des camps de concentration, des outils ingénieux de torture, des goulags ou des guerres saintes. L'animal le plus cruel ne jouit pas du mal, l'homme oui.

     

  • la vie rêvée d'un Rmiste

    Suite à une discussion avec un ami artiste Rmiste, j'ai écrit ce billet que je dédie à tous les anciens et les futurs Rmistes qui sont de plus en plus nombreux.

    "9 = 447,91" :

    Aux yeux d'un matheux, cette égalité est absurde, elle n'a aucun sens. Seul un Rmiste comme moi est capable de déceler la magie qu'elle recèle. Seul un Rmiste possède la clé pour déchiffrer une telle égalité. Le 9 de chaque mois, le montant du RMI, soit environ 447,91 est viré sur mon compte bancaire.

    Depuis que je suis au RMI,  j'ai perdu le sens commun des chiffres. je me suis même inventé une nouvelle arithmétique. Tous les chiffres ne sonnent pas pareil à mes oreilles. De toute façon certains ne sont plus audibles comme par exemple les chiffres qui finissent par plus de 3 zéros. La case des milliers a disparu depuis longtemps de mes relevés bancaires. Je me sens largué dès que j'entends une conversation à propos des prix de voitures ou du loyer de certains appartements.

    J'ai aussi inventé un calendrier original. Pour moi, les mois ne commencent pas le 1er mais plutôt le 9ème jour. J'ai confectionné un calendrier que j'ai accroché derrière la porte d'entrée de mon appartement. Sur ce calendrier, les mois commencent donc le 9. J'ai inscrit sur chaque case correpondant à ce jour "Saint RMI".

    Ecologiste malgré moi :

     Je n'ai pas de voiture. Je me déplace toujours à pieds ou à vélo. Je n'achète pas de produit cosmétique. J'utilise très peu de produit vaisselle et de détergent. J'ai appris à me débrouiller autrement.

    Je consomme très peu. La "débrouille et la récup", voilà mon crédo. Je produis donc très peu de déchets. Ma télé, récupérée chez des amis, date des année 80, mon four et mon frigo aussi. Vu le prix actuel de l'électricité, j'ai ppris à ne l'utiliser qu'en cas de nécessité. J'ai découvert ainsi le charme de l'obscurité. Je sais me débrouiller dans le noir. Vous-vus demandez peut-être comment... Eh bien, exactement comme tout être humain ayant vécu avant Thomas Edison et sa lampe à incandéscence.

     Comme la plupart des Rmistes, Je pollue très peu. Et comme eux je n'ai rien à me reprocher concernant le trou d'ozone. C'est pour ça que je revendique le droit de tout Rmiste à une prime annuelle spéciale "respect de la nature". On n'a qu'à taxer plus ceux qui possèdent une voiture, ceux qui changent souvent de télé, ceux qui raffolent de produits cosmétiques, ceux qui ne savent plus laver leur vaisselle et leurs affaires à la manière traditionelle.

    "Vous me le faites à combien ?" : 

     Au Maroc, marchander les prix est un sport national. Si vous ne marchandez pas, vous risquez de fâcher le vendeur, vous le privez du plaisir qu'il éprouve quand il réussit à vous convaincre d'avoir fait une bonne affaire en vous fourguant une babiole.

    En m'installant en France, j'ai perdu cette habitude. Mais depuis que je suis au RMI, J'ai retrouvé la joie de négocier les prix. Vous ne me croirez peut-être pas mais en France, tout peut se marchander, même le prix d'une baguette. On peut parfois l'avoir gratis, il suffit pour cela de se pointer deux minutes avant la fermeture de la boulangerie.

    Comme le nombre de Rmistes et en constante augmentation dans l'Hexagone, je me demande si les Français ne vont pas bientôt dépasser les Marocains dans l'art de marchander les prix.

    Mektoub, tout est écrit, dit-on sur la rive sud de la mare nostrum. Mais si la vie était pareille à un livre, mes années RMI ressembleraient alors à ces pages de papier recyclable un peu jaunies. Elles ont "de la gueule" ces pages. On a du mal parfois à les tourner tellement elles sont épaisses et collantes.

    Quand il faudra fermer le livre, ce serait sans regretter rien,

    J'ai vu tant de gens si mal vivre,

    et tant de gens mourir si bien

    Jean-Luc Godard

     

  • Ceux qui refusent de marcher en file indienne

  • choc des civilisations ou malaise dans la civilisation ?

    Lorsque le coin le plus reculé du monde a été conquis par la technique et peut être exploité économiquement ;

    lorsque ce qui arrive sur la planète, à n’importe quel endroit, à n’importe quel moment, est accessible ;

    lorsque, à travers la "couverture médiatique en direct" on peut simultanément "vivre" un combat dans le désert irakien et la représentation d’un opéra à Pékin ;

    lorsque, à l’heure du réseau digital mondial, le temps n’est plus que vitesse, instantanéité et simultanéité ;

    lorsque le gagnant d’un jeu de télé-réalité est considéré comme le plus grand homme d’un peuple ;

    alors, oui, surgit de tout ce tumulte, tel un spectre, la question : et pourquoi ? pour aller où ?

    – et alors ? …

     

     

    0e0f90e90ad39a6cd211f5d1a904b7c0.jpgJe viens de lire « Bienvenue dans le désert du réel » de Slavoj Zizek. Le philosophe et psychanalyste Slovaque nous livre des analyses fines de tous les investissements pulsionnels et idéologiques qui façonnent notre nouvel ordre mondial depuis l'effondrement des tours jumelles un certain 11 septembre 2001. Il y démonte toutes les illusions soutenues par nos bien-pensants du moment, pour démontrer, entre autre, que le vrai choc des civilisations n’est en réalité qu'un choc à l'intérieur de chaque civilisation, que l'alternative idéologique opposant l'univers libéral, démocratique et digitalisé, à une radicalité prétendument "islamiste" n’est en définitive qu'une fausse opposition, masquant notre incapacité à percevoir les vrais enjeux politiques contemporains.

     

     

    e4d12627de92f511a7a900a1ba27291f.jpgZizek est un des penseurs les plus décalés du moment, un poseur de questions hors normes qui ne recule devant rien pour percer le secret de nos contradictions. Son écriture est pimentée par des anecdotes tirées de films populaires et de blagues, ce qui rend sa lecture agréable et plaisante. D’ailleurs « Bienvenue dans le désert du réel » fait référence à la phrase prononcée dans le film Matrix, par le chef des rebelles, Morpheus, lorsqu’il accueillit Néo, le héros du film, dans la "vraie réalité" d’un monde dévasté par un ground zéro planétaire. 

  • l'ordinateur, cet objet archaïque et dangereux

    L’ordinateur est le symbole par excellence de la modernité. Pourtant un rapide survol des mythes et de la littérature ancienne nous démontre qu’il est l’un des objets les plus archaïques au monde. L’idée de réaliser des machines intelligentes est aussi vieille que l’homme, elle rejoint le rêve de l’immortalité dans la liste des fantasmes permanents de l’humanité.

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    Dans le chant 18 de l’Iliade, Héphaïstos a fabriqué des tables à trois pieds capables de se mouvoir toutes seules dans le palais des dieux. La mythologie grecque relate aussi des histoires de femmes en or, douées de raison, capables de travailler et de parler, Pygmalion ira même jusqu’à épouser une de ces créatures Galatée qu’il a lui-même façonné.

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    Dans la tradition juive, le Golem est un être artificiel fait d’argile chargé, en cas de danger, d’avertir la communauté vivant dans le ghetto. Ce mythe du Golem inspirera plus tard à Mary Shelley son personnage de Frankenstein.

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    On trouve aussi l’équivalent du Golem dans plusieurs contes des mille et une nuits : des statues posées à la porte de certaines villes s’animent et alertent les habitants dès qu’un étranger s’approche de leur ville, on retrouve là l’ancêtre de la vidéo  surveillance et des systèmes d’alarme. D'ailleurs, la fameuse formule « Sésame ouvre-toi » est tout simplement l’équivalent d’une commande vocale.

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    e018c798c55b4aa51a632df9d08a63bf.jpgCes êtres artificiels de la mythologie, ancêtres de l’ordinateur et des automates, sont tous doués d’intelligence, ils sont au service de l’homme mais ils le dépassent par leurs capacités et ce qui étrange c’est qu’ils finissent tous par se retourner contre lui.

     

    Ne doit-on pas alors s’attendre au pire quand on sait que les mythes ne sont que des réminiscences de rêves collectifs et que certains rêves sont prémonitoires ?!

     

    Saïd B.