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politique - Page 3

  • nous vivons une époque formidable

    Et sans doute notre temps… préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être… Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane c’est la vérité. Feuerbach



    Qu’est-ce qu’être un homme ou une femme politique aujourd’hui ?

    Certainement pas un homme ou une femme de conviction avec une vision cohérente de la société et un projet ambitieux pour lequel il est prêt à se sacrifier corps et âme.

     

    L’homme ou la femme politique d’aujourd’hui est un narcissique préoccupé par son image. Il se contente surtout de chercher à gagner des électeurs. Friand des sondages, qu’il commande souvent lui-même, il détermine les catégories sociales et les groupes de personnes (segments) dont il peut espérer le soutien, il élabore alors quelques slogans accrocheurs pour les séduire. Il annonce des mesures, souvent incohérentes, dont il ne croit pas lui-même ni à leur efficacité ni à leur faisabilité.

     

    Il en va de même de l’intellectuel et de l’écrivain moderne. Obsédé par le chiffre de ventes de ses livres, il détermine son sujet et son style en fonction des attentes du marché et de la demande des directeurs de marketing des maisons d’édition. Fini le combat d’idées, remplacé par la simple présentation de sujets et de thèmes susceptibles de bien passer sur les écrans cathodiques, passages obligés pour mieux (se) vendre.

     

    Mais peut-être que nous n'avons que les hommes politiques et les écrivains que nous méritons. Ne vivons-nous pas dans une époque formidable ?

  • Eloge des accents

    « Depuis mes premiers souvenirs de la voix de mon père s'exprimant en français dans le cercle familial -plus précisément encore lorsqu'il s'adressait à moi -, et jusqu'à ses dernières paroles, j'ai entendu dans chaque syllabe qu'il prononçait la mémoire, l'empreinte, le fantôme, non seulement d'une autre langue que le français, mais aussi d'un autre monde et d'un autre temps. » Alain Fleischer

     

     

    Au Maghreb, les berbères parlent l’arabe avec un accent très prononcé qui est souvent objet de moqueries de la part des arabophones. C’est pour cela que dès mon plus jeune âge, lorsque je me retrouverai dans les villes arabophones du Maroc, j’ai du me débarrasser très vite de mon accent. Plus tard en m’installant en France, pour éviter les rejets et les discriminations, j’ai gommé mon accent maghrébin en me fondant dans l’anonymat d’une prononciation correcte de la langue de Molière.

     

    C’est là l’un de mes plus grands regrets.

     

    J’aime les accents. Ils mettent l’écoute en veille en faisant tinter et vaciller les mots. Ils les difractent en de multiples éclats révélant souvent un autre sens éloigné de leur sens immédiat. Les accents attirent l’attention et l’aiguisent. Ils font entendre une autre langue dans la langue, ils font voir l’ailleurs dans ce qui parait familier. Ils révèlent le divers et le multiple dans ce qui parait uniforme. Les accents cultivent les ambiguïtés et mettent la lumière sur les infinis potentialités d’une langue. Lorsqu’à un accent plus ou moins correct se mêlent des accents étrangers, on jouit mieux de la langue.

     

    Lorsque je me suis mis à l’écriture, j’ai essayé de transcrire cet accent perdu dans mes écrits. Hélas j’ai fini par me résigner, ma plume d’adulte n’a jamais réussi à retrouver ce que ma langue d’enfant avait perdu.

     

    © Saïd Bailal

  • la forme des poussettes et la folie du monde contemporain

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    Le site de Luc garde à vue est un lieu riche en découvertes et surprises. Je viens de découvrir grâce à lui l’un des auteurs les plus percutants aujourd’hui, Olivier Rey,  jeune professeur de mathématiques à l'Ecole polytechnique, chercheur au CNRS nourri de philosophie, de sociologie, de psychanalyse et de littérature.

     

    Olivier Rey vient de publier « une folle solitude » un traité de philosophie qui se lit avec passion et surprise. L'auteur interroge le caractère «faussement rationnel» d'un monde qui croit pouvoir s'orienter grâce à la seule boussole scientifique et technique. Voilà qui «laisse la raison calculante seule avec elle-même - ce qui veut dire: seule avec l'inconscient». L'humanité passe alors dangereusement en pilotage automatique si l'on veut bien se rappeler que l'inconscient n'est autre que «l'infantile en nous».

     

    Les poussettes d’aujourd’hui, d’après Olivier Rey sont de vrais symptômes de notre temps. L’invention des petits véhicules pour transporter les bébés a rompu le contact physique avec l’adulte. Seul un contact avec le regard des adultes subsistait tant que la poussette était orientée vers le parent. Ensuite, dans les années 1960-1970, l'orientation de la poussette change. Elle fait désormais face au monde.

     

    Que signifie cette rupture?

    Les fabricants de poussettes veulent-ils favoriser un apprentissage précoce à l'autonomie?

     

    Les partisans de la modernité affirmeraient que confronté au monde, l'enfant s'éveille plus vite. Il interpréteraient ce changement comme étant «le souci de promouvoir la liberté, la créativité, l'autonomie» de l'individu, souci inscrit dans l’idéal des lumières.

     

    Olivier Rey récuse ces interprétations. Pour lui cette perspective nouvelle manifesterait plutôt «la difficulté aujourd'hui à assumer le rôle de parent», à transmettre la loi, à instituer le sujet dans une société démocratique. «Tourner l'enfant vers le monde n'est pas une réponse mais le déni des questions.» Les poussettes sont à l'envers: «Il n'était pas si mal que les enfants gardent un moment, dans leur champ de vision, la génération qui les a précédés», conclut Olivier Rey.

     

    Désormais le petit d’homme en est tout retourné : il doit regarder vers l’avenir et, pour ce faire, ignorer les liens qui l’attachaient au passé et à la famille. La poussette détournée du passé symbolise pour Olivier Rey le fantasme de l’homme auto-construit qu'on voit à l'œuvre partout aujourd'hui, l’homme ne veut plus rien devoir à un grand Autre - qu’il le nomme Passé, Père, Dieu ou Nature. Il veut non seulement être lui-même mais se faire lui-même.

     

    Selon l’auteur nous ne sommes qu’au commencement de cette histoire de fous. La folie ne croit pas à la causalité et c’est pourquoi l’homme de l’auto-construction, l’homme sans généalogie, est fou. Comme le Dieu de la théologie traditionnelle dont il prend la place, l’homme moderne voudrait être cause de soi, d’où sa folle solitude.

  • à propos du traitement médiatique de l'islam

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    Dans leur course effrénée vers l’audience, les médias ont tendance à privilégier le sensationnel, à mettre en avant ce qui alimente les peurs et les fantasmes. C’est ainsi que les médias, dans leur traitement de la violence politique commise au nom de l’islam, ont fini par laisser peu de place à la nuance et à l'analyse historique et sociologique. 

     

    Les raccourcis, le simplisme conduisent vite à l’amalgame, un musulman même s’il vit paisiblement sa religion est vite rendu responsable de crimes commis par d’autres, un simple lieu de culte d’un quartier devient aux yeux de certains un nid de terroristes. Ces raccourcis et ces amalgames sont en plus renforcés par les positions simplistes et manichéistes de certains intellectuels ou de responsables politiques et religieux, (Redecker, Devilliers, Benoit X, …) et par la mise en scène médiatique qui entourent en général de telles déclarations.

     

    En encourageant la médiocrité et la paresse intellectuelle, les médias ont participé à la fabrication d’un « islam imaginaire », à l’essentialisation du musulman et à la stigmatisation de "l’Autre" musulman.  

     

    Le récent procès de cinq incendiaires d’une mosquée à Annecy vient confirmer la responsabilité des médias dans la montée de la haine et dans l’incitation à la violence raciste. En effet lors de ce procès, l’un des incendiaires criminels Nicolas Paz a déclaré au tribunal pour justifier son acte que : «Quand on parle de votre religion, c'est très souvent pour parler de guerres ou d'extrémisme. Dans de petites têtes comme la mienne, on écoute la télé, la radio, et l'amalgame se fait tout seul». 

  • l'homme de l'année 2006

    Par principe, j'ai toujours prêté peu d'attention à certains sujets d'accroches médiatiques récurrents comme par exemple les best off ou l'homme de l'année. Cette année j'ai décidé de déroger à ce principe. J’ai choisi trois hommes dont les actes ou la personnalité ont attiré mon attention parce qu’ils sont les symboles de quelque chose qui manque ou qui se perd dans nos sociétés hypermodernes.

     

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    Zidane :

    Comme le dit admirablement Marc Edouard Nabe « Zidane n’a jamais été aussi génial qu’en marquant ce but inattendu et bien réel : une tête dans la poitrine de Matarezzi ». Elle est géniale cette folie qui peut nous pousser, quand on est entrain de gagner la partie à tout détruire d’un coup sec.

     

    Quel formidable pied de nez à cette société qui glorifie les gagnants et relègue les perdants dans les gouffres de l’anonymat. Zidane a préféré plutôt sauver l’Honneur -valeur perdue dans une société qui n’a  de valeurs que celles cotées en bourse- que succomber à une gloire de chimères.

     

     

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    Hassan Nasrallah :

    La maîtrise du verbe est une vertu nécessaire pour devenir un homme politique. Lorsque en plus un homme politique allie la verve et la droiture, le courage et le respect de ses adversaires, le sang froid et la témérité, il devient un homme d’état.

    Un fin connaisseur du Liban Percy Kemp, dans un article paru dans le quotidien français Libération, écrivit à propos de Hassan Nasrallah, : « Ce lundi 17 juillet (2006) à la télé, j’ai en effet vu un homme (Ehud Olmert) au menton glabre et portant costume et cravate (un homme qui me ressemble, en quelque sorte), perdre ses nerfs devant la Knesset, lancer des anathèmes à la volée, menacer ses ennemis d’une guerre à outrance, user de tous les artifices de la rhétorique, et en appeler aux instincts les plus primaires de ses électeurs. La veille, j’avais vu son adversaire, un barbu enturbanné (Hassan Nasrallah) (un homme qui ne me ressemble donc guère), user d’un langage savamment dosé, jongler avec des mots bien pesés sans jamais le ton hausser, appeler les choses par leur nom, manier la dialectique comme s’il venait à l’instant de refermer le Gorgias de Platon, et conseiller à ses ennemis de faire taire leurs émotions pour n’écouter que leur seule raison. D’un mot, j’ai vu un dirigeant israélien se comporter comme on imaginerait qu’un raïs arabe pourrait se comporter en pareille circonstance, et un chef de milice arabe se conduire comme un dirigeant occidental devrait se conduire, quelles que soient les circonstances. »

     

     

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    Le député Jean Lasalle :

    En France, depuis le milieu des années 80 le libéralisme est devenue religion d’état. Tout homme politique au pouvoir, quel que soit son bord, se doit de la respecter à la lettre. Les décisions importantes en matière économique ne sont plus prises par le gouvernement français mais plutôt décidées par, les prêtres de cette nouvelle religion, les experts de Bruxelles qui n’ont aucune légitimité populaire puisque personne ne les a élu. Malgré cela, nos hommes politiques continuent à mentir à leurs citoyens en leur faisant croire qu’ils ont encore une prise sur la réalité économique du pays. On se demande vraiment à quoi servent les élections.

     

    Jean Lassalle, député UDF, des Pyrénées-Atlantiques, s’est mis en grève de la faim pour s’opposer à la délocalisation d’une usine située dans sa région. Il a mis à nu l’incapacité et des pouvoirs politiques. Il a enfin démontré le grand mensonge total : le monde politique est paralysé voire mort depuis longtemps, les prétendus projets et actions des hommes et femmes politiques qu’ils soient présidents, ministres, députés ou candidats ne sont que gesticulations médiatiques, slogans creux et leurre virtuel.