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mots et silences

  • Le griot

    A une dame qui lui demanda "- Pourquoi écrivez-vous ?, Nietzsche répondit : Je n'ai pas trouvé d'autres moyens pour me débarrasser de mes pensées".

     

     

    Aux nombreux griots et griotes du net, ils (elles) se reconnaîtront.
     

    Toutes les nuits pour fuir la peur et l'angoisse de l'obscurité, il avait pris l'habitude d'enfouir sa tête sous les draps, il fermait les yeux et s'inventait des pays imaginaires où il se baladait en attendant l'ouverture de la porte des rêves.

     

    Une nuit, il s'inventa un jardin où tout était formé de mots. Les troncs d'arbres et les branches étaient des phrases de différentes tailles. Au bout, les consonnes allaient à la rencontre des voyelles pour former des mots de couleurs variées et de différentes saveurs.

    Il s'amusa à en cueillir quelques uns pour les déguster. Il découvrit que certains mots doux finissaient par devenir amers.

    Il s'aperçut qu'en mâchouillant lentement certaines consonnes et en se débarrassant de quelques voyelles d'un mot, ce dernier finissait par avoir la saveur d'un autre.

     

    Il continua sa ballade à travers les allées de ce jardin étrange, et loin des sentiers battus faits de mots ordinaires, il emprunta un chemin tapissé par une phrase obscure. Soudain ébloui par la clarté d'un mot, il trébucha sur un mot tordu, il tomba dans un puits de paroles.

    Pour en sortir, il a du boire toutes la paroles,  et il n’a pas trouvé un autre moyen pour s’en débarrasser que d’en faire des histoires qu’il alla raconter de place en place.

    © Saïd Bailal

  • La mystique

    "La pensée retire le voile épais qui recouvre l’univers pour le remplacer par un autre si léger qu’on le devine à peine.

    Nous ne percevons le monde qu’à travers la transparence de ce voile, disait-il en ajoutant : « et si ce voile était le langage »"   Edmond Jabès.

     

    5.6- Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.

    6.522- Il y a assurément de l’inexprimable. Celui-ci se montre,  Il est l’élément mystique.   Ludwig Wittgenstein

    Tableau : Saad Tazi

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    Il y a une incomplétude inhérente au langage. Une langue est un ensemble de signes dénombrable et discontinu, qui malgré la plus-value apportée par le sens, ne peut rendre compte du tissu continu qui relie les choses, les êtres et les évènements.

     

    L’expression verbale d’un sentiment par exemple ne peut se confonde avec le sentiment éprouvé, et plus généralement le monde nommé ne peut se confondre avec le monde réel.

     

    Il y aura toujours un écart entre l’expression verbale et la réalité vécue. La poésie comme la mystique trouvent leur origine et leur légitimité dans cet écart.

     

  • Nudité

    "... Quelle est cette mer dont le rivage est la parole ?"

    Mahmoud Shabestari

     

     

    "Le silence est à l'âme ce qu'est la nudité au corps : un éblouissement. Et comme elle qui fut longtemps la norme, il est devenu le luxe et l'exception."

    Salah Stétié 

     

     

    Quand la parole se déshabille,

    le silence rûgit.

     

  • Les mots du poète

    "Lorsque les hommes seront d'accord sur le sens de chaque mot,  la poésie n'aura plus sa raison d'être" Edmond Jabès

     

    "Il faut qu'il y'ait dans le poème un nombre tel qu'il empêche de compter" Paul Claudel

     

    "Chaque poème n'est qu'un désir inassouvi de trouver le mot qui manque à tous les dictionnaires." Saïd Bailal

  • Silence

    "Quelle différence y a-t-il entre le silence, pour toi; et le bruit pour un sourd ?" 

    Edmond Jabès

     

     

    Deux hommes se promènent dans le désert la nuit.

    - Quel silence ! dit l'un.

    - ne dis pas quel silence, lui répond l'autre, dis plutôt "je n'entends rien".

    conte soufi