Le griot
A une dame qui lui demanda "- Pourquoi écrivez-vous ?, Nietzsche répondit : Je n'ai pas trouvé d'autres moyens pour me débarrasser de mes pensées".
Aux nombreux griots et griotes du net, ils (elles) se reconnaîtront.
Toutes les nuits pour fuir la peur et l'angoisse de l'obscurité, il avait pris l'habitude d'enfouir sa tête sous les draps, il fermait les yeux et s'inventait des pays imaginaires où il se baladait en attendant l'ouverture de la porte des rêves.
Une nuit, il s'inventa un jardin où tout était formé de mots. Les troncs d'arbres et les branches étaient des phrases de différentes tailles. Au bout, les consonnes allaient à la rencontre des voyelles pour former des mots de couleurs variées et de différentes saveurs.
Il s'amusa à en cueillir quelques uns pour les déguster. Il découvrit que certains mots doux finissaient par devenir amers.
Il s'aperçut qu'en mâchouillant lentement certaines consonnes et en se débarrassant de quelques voyelles d'un mot, ce dernier finissait par avoir la saveur d'un autre.
Il continua sa ballade à travers les allées de ce jardin étrange, et loin des sentiers battus faits de mots ordinaires, il emprunta un chemin tapissé par une phrase obscure. Soudain ébloui par la clarté d'un mot, il trébucha sur un mot tordu, il tomba dans un puits de paroles.
Pour en sortir, il a du boire toutes la paroles, et il n’a pas trouvé un autre moyen pour s’en débarrasser que d’en faire des histoires qu’il alla raconter de place en place.© Saïd Bailal