Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Il faut oser l'exode

    Il faut apprendre à discerner les chances non réalisées qui sommeillent dans les replis du présent. Il faut vouloir s'emparer de ces chances, s'emparer de ce qui change. Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'exode.

    André Gorz, misère du présent. Richesse du possible

    medium_bifurcation.png

    Les problèmes du monde ne seront pas résolus par les cyniques dont les horizons sont bornés par la réalité et ses évidences. Il nous faut des hommes capables de rêver des choses qui jamais ne furent.

    John Fitzgerald Kennedy

     

  • Un monde flexible

    Pour comprendre certains enjeux de la réforme du code de travail (le CPE), il faut lire ou relire "le travail sans qualités" de l'écrivain Richard Sennet, professeur à la London School of economics, qui est aussi historien, musicien et romancier.

    L'auteur explore les effets de la nouvelle économie. Il part d'observations de cas concrets pour mettre en évidence les oppositions entre deux mondes de travail, un monde disparu, celui des entreprises "classiques" rigides et hiérarchiques mais propice à développer les solidarités, les engagements mutuels qui nécessitent le long terme pour mûrir, et le monde nouveau des restructurations des entreprises, où le court  terme, l'insécurité et la précarité sont la norme. 

     

    R. Sennet analyse, à travers des situations concrètes et des "tranches de vie", comment la trajectoire des individus est devenue floue. Il démontre comment certaines valeurs ont perdu leur sens traditionnel, la difficulté pour un travailleur de développer et affirmer son caractère lorsque la flexibilité et la précarité le privent de tout repère.

    Le mot carrière a perdu son sens habituel puisque le capitalisme nouveau renvoie le travailleur d'un type de travail à un autre, il le prive de tout "itinéraire identifiable". Dans un monde qui privilégie l'immédiat, il est de plus en plus difficile de construire des liens de confiance, d'amitié et de loyauté, de développer des liens sociaux et de favoriser les engagements mutuels et les solidarités.

    medium_flexibilite.5.jpg

    Il est plus facile de manipuler, de soumettre et d'asservir un groupe de travailleurs précarisés, isolés sans liens de solidarité et peu aptes à l'engagement.  

     

    "le travail sans qualités" est à lire pour l'originalité de l'éclairage et la finesse de l'analyse. L'auteur s'appuie habilement sur les penseurs classiques (Virgile, Rousseau, Locke, Voltaire, Smith, Weber, ...) sans être rébarbatif. Et avec les parcours de vie que raconte l'auteur, le livre se lit comme un roman.

  • La sagesse

    Karl Marx était de droite

    Pinochet un lutteur de classe

    L'oncle Mobutu a passé sa vie

    dans le maquis à Cuba

    Lénine n'était que l'ombre du Christ

    Brigitte Bardot une réincarnation

    de Rosa luxembourg

    Et moi, je ne suis que l'une des voix

    d'une histoire épuisée

    par la coupe bue

    à la santé de la folie

    Hassan Ouezzani, poète marocain

     

    "Mesure. Ils la considèrent comme la résolution de la contradiction. Elle ne peut être rien d'autre que l'affirmation de la contradiction et la décision héroïque de s'y tenir et d'y survivre"

    Albert Camus, carnets

     

    Farid Belkahia

    medium_belkahia.2.jpg

    Le mot sagesse se dit en arabe "Hikma". En permutant les lettres de ce mot, on obtient le mot "Mihak" qui signifie lieu ou instrument de frottement. Ce terme « Mihak » désigne entre autre l’instrument qui sert à frotter la laine, à l’emmêler pour en faire quelque chose de solide.

     

    medium_filer.2.jpgLa sagesse peut être définie comme étant un lieu de « frottement » des idées et un instrument de confrontation des opinions.

     

    Le sage n’est nullement celui qui possède la vérité ni celui qui a la meilleure ou la plus juste opinion. Il est celui qui sait « frotter » et confronter les différents points de vue sans se désorienter ni s’engloutir dans le labyrinthe des confusions. 

     

    Le sage aime s’aventurer dans les interstices des opinions, il lui devient ainsi aisé de les adopter toutes  pour mieux connaître la part de vérité qu’elles contiennent et mettre en lumière les limites et les contradictions de chacune.

     

    Le sage est celui qui ose le mariage des incompatibles. Il est celui qui sait épouser tous les regards pour multiplier les niveaux de perception, pour mieux rendre compte de l’essence conflictuelle du réel.

     

    © Saïd Bailal

  • Le tyran

    "Je sais aussi que la terreur que je vous inspire est telle que même après ma mort vous ne retrouverez le sommeil ni le goût de vivre. (...) Vous avez beau m'enterrer au plus profond de la terre, faire couler sur moi d'infinies laves de béton, m'incinérer et disperser mes cendres aux quatre coins du globe, ou me faire découper en rondelles, je reviendrai hanter vos nuits."

    Rachid Mimouni, une peine à vivre

     

    medium_154.2.jpg

    Mon village natal est surplombé par une colline qui porte le nom d'Azrou Hammar (rocher de hammar). On raconte que ce Hammar fut un tyran qui martyrisait les habitants de la région. Ceux-ci décidèrent de s'en débarrasser.

    Un d'entre eux se proposa de le faire à condition qu'on s'occupa de sa famille après sa mort. Il emmena Hammar sur la colline en le portant sur son dos, et il se précipita dans le vide avec lui. Depuis lors, cette colline porte le nom du tyran Hammar.

     

    J'ai toujours été intrigué par le fait que les habitants n'ont pas retenu le nom de l'homme qui sauva mes ancêtres mais celui du tyran.

    Dans la plupart des villes de notre planète, même dans les pays démocratiques, des avenues et des places portent le nom de tyrans sanguinaires. On leur érige des monuments, de longues pages des livres d'histoire leur sont consacrées.

    Les tyrans exercent sur la mémoire collective et individuelle une sorte de fascination, mélange cruel de dégoût, de haine et de séduction perverse.

    D'où vient cette fascination morbide ?

     

    © Saïd Bailal

  • Les limites de la démocratie

    "les Anglais croient qu'ils sont libres parce qu'ils élisent des représentants tous les cinq ans mais ils ne sont libres qu'un jour tous les cinq ans : le jour de l'élection."     Rousseau.  

     

     

    Certaines mesures gouvernementales ont des incidences énormes sur la vie quotidienne des citoyens. Elles modifient leur présent et leur futur en profondeur. Dans une démocratie, de telles mesures doivent être prises en concertation avec les gens concernées sinon la démocratie perd son âme et devient une coquille vide et un simple slogan.

     

    Par exemple, les décisions concernant l’orientation de la recherche scientifique et l’innovation technologique sont prises en dehors de toute concertation. Or ces décisions bouleversent de manière parfois irréversible non seulement le présent mais aussi l’avenir des citoyens et de la planète. Ces décisions sont prises par des experts qui ne tirent leur légitimité que de leur expertise et non du peuple. Ce qui est en contradiction avec le fondement même d’une démocratie où c’est la légitimité populaire qui doit être au fondement des décisions d’ordre publique. Certes on assiste parfois à des débats autour de certaines décisions comme le nucléaire, les OGM ou l’écologie mais ces débats sont menés à posteriori, et ces débats n’influent guère sur les décisions en matière de recherche scientifique.

     

    Par ailleurs, ces dernières années, les gouvernements en France ont pris plusieurs mesures importantes contre l’avis des citoyens concernés, réforme des retraites, réforme du régime des intermittents, CPE, etc. Mais malgré les luttes menées contre ces mesures, les grèves, les manifestations massives, les gouvernements n’ont pas remis en cause leurs décisions.

     

    La démocratie se réduit de plus en plus à mettre périodiquement un bulletin dans les urnes. Bulletin que les gouvernants utilisent comme alibi pour justifier leur surdité au bruit de la rue, "ce n’est pas la rue qui gouverne » disent-ils. Mais qui doit gouverner alors, le palais ? les experts ?