Le poème est leur enfant
René Daumal
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aucun individu, aucune culture, aucun peuple n'est immunisé contre la barbarie. Le passé, le présent et le futur de l'humanité sont là pour le prouver
ne voir le barbare que chez l'Autre c'est mettre déjà un pied dans la barbarie,
le jour où le bourreau empruntera les yeux de sa victime,
le jour où la victime cessera de rêver d'avoir le bras de son bourreau, la barbarie n'existera plus,
mais hélas je doute que ce jour soit proche,
Quelques semaines passèrent, l’enfant voulut savoir ce qu’étaient devenues les deux météorites. Il se rendit dans l’atelier du sculpteur. Quelle fut sa surprise lorsqu’il découvrit, que ce dernier avait transformé la météorite en un beau et gracieux cheval. Ce qui étonna et émerveilla l’enfant, il passa le reste de la journée à admirer la sculpture à monter dessus jouant au chevalier.
La nuit, il rêva d’un cheval ailé qui le transportait vers de lointaines contrées au delà des nuages.
Le lendemain, l’enfant se rendit dans le laboratoire de recherche. Il ne trouva point de météorite, les chercheurs l’avaient réduite en mil et un morceaux pour faire des analyses. Ils offrirent au jeune garçon un ouvrage plein d’équations mathématiques et chimiques indéchiffrables. Ils y démontrèrent que la météorite provenait d’une galaxie ayant la forme d’un cheval. L’enfant fut déçu. Il rentra chez lui les yeux pleins de larmes.
La nuit, il fit un cauchemar, le cheval qui le transportait la veille vers le pays des merveilles l’a renversé
© Saïd Bailal
Le destin m'a fait don
de ce doux malheur
d'être poète
Jaroslav Seifert
Toutes les beautés du monde
Le soir, alors que les cieux noirs des rues brûlèrent de lumières,
qu'elles étaient belles les ballerines sur les affiches entre les lettres noires,
des aéroplanes gris descendirent tout bas comme des pigeons
et le poète resta seul au milieu de fleurs, ennivré.
Poète, mon ami, meurt avec les étoiles, fane avec la fleur,
personne ne s'enuiera de toi aujourd'hui,
ton art mourra pour toujours avec ta gloire,
car ils sont pareils aux fleurs funéraires;
les avions qui se ruent brusquement jusqu'aux étoiles
chantent à ta place, voyons, un chant aux tons de fer
et sont beaux comme les riches fleurettes électriques sur les maisons de la rue
sont plus belles que celles des balcons.
.....
Parlant du plaisir sexuel, la langue française utilise l'expression "prendre son pied", alors qu'en arabe marocain l'expression la plus courante signifie littéralement "porter sa tête".
De part et d'autre des deux rives de notre mare nostra, on préfère user des extrémités pour désigner un acte dont l'aboutissement se joue surtout au centre et dont le plaisir innonde tout le corps.
C'est pour cela que je reste convaincu que la vision du monde développée, sur l'un comme sur l'autre bord de la méditérannée, est une vision partielle et inachevée.
Ceux qui persistent à croire que la vérité se trouve exclusivment sur l'une des deux rives se trompent. Ils feraient mieux de la chercher dans cete espace béant qui les sépare.
© Saïd Bailal