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kalima - Page 13

  • Le baiser

     

    en écho à une note de ray à propos du baiser selon Sollers, et de JLK à propos du dernier Sollers,

     

     

     

    DOUCEUR SAUVAGE

    Le baiser a un seul sens
    c’est quand l’homme veut manger son amante
    la porter à sa bouche
    l’avaler morceau après morceau
    se pourlécher de ses délices les plus enfouies

    la mâcher
    se délecter de sa fraîcheur
    se régaler de ses épices cuisantes
    de ses tendres fibres

    C’est quand il se réjouit de sa faim
    et de la manne qui descend
    à l’instant de la voracité
    et de la férule de l’appétit
    Il veut la dévorer
    avec la violence d’un loup féroce
    devant la ténacité d’une impossible proie
    Il veut mordre à son souffle
    Comme à une pomme volée
    l’ingurgiter sans délicatesse
    comme l’assoiffé qui n’a cure
    de la douceur de l’eau
    la tuer
    la faire fondre
    jusqu’à la réduire à un fil d’argent
    qu’il enroulera autour de son cœur
    pour en écouter les sons ténus
    chaque fois qu’il veut en embrasser une autre

    Le baiser a un seul sens
    c’est quand l’amante veut manger son compagnon
    veut
    et veut
    jusqu’à la fin du poème

    Mohammed Achaari 

    in Abellatif Lâabi "La poésie marocaine, de l'indépendance à nos jours"

     

  • Le chemin du serpent

    « Reconnaître la vérité comme vérité, et en même temps comme erreur ; vivre les contraires, sans les accepter ; tout sentir de toutes les manières, et n’être à la fin rien d’autre que l’intelligence de tout - quand l’homme s’élève à un tel sommet, il est libre comme sur tous les sommets, seul comme sur tous les sommets, uni au ciel, auquel il n’est jamais uni, comme sur tous les sommets. »

    Fernando Pessoa

     

     

  • Et la lune me ravit

     

    Une nuit de plénitude, la lune s’est mise à nu pour me draper de sa soie.

     Et depuis, je la vois dans chaque pli du ciel.

     

     

    "Au firmament, une lune apparut, à l'aube,

    elle descendit du ciel, et jeta sur moi son regard.

    Tel un faucon qui saisit un oiseau, lors de la chasse,

    elle me ravit et m'emporta en haut des cieux.

    Quand je me regardai, je ne me vis plus que moi même,

    car en cette lune, mon corps par grâce, était devenu l'âme"

    Rûmi "Odes mystiques" 

     

  • Ce doux murmure du "Je" du monde

    Un discours qui emprunte la voie du « Je » peut nous éclairer, parfois, sur la réalité des choses infiniment plus qu’une analyse qui s’engouffre dans le brouillard de l’objectivité, et finit par  nous cacher la nature profonde du monde.

     

    La poésie :  ce doux murmure du "Je" du monde.

    © Saïd Bailal

  • Un ver de pomme

    Un ver de pomme

    s'avisa un jour

    de creuser un trou

    dans le granit

     

    Sois raisonnable

    tu n'y arriveras jamais

    lui objectèrent ses visqueux compatriotes

     

    Peut-être

    répondit-il exalté

    mais j'ai enfin trouvé

    mon but dans la vie

     

    Anouar Benmalek : "ma planète me monte à la tête" éditions Fayard