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kalima - Page 12

  • Le lutteur de classe à la manière taoïste

    l'histoire est un mot

    l'idéologie est un mot

    l'inconscient est un mot

    les mots voltigent

    dans la bouche des ignorants

     

    or chaque signe se perpétue

    fraîcheur incontournable

                                       ne t'envole pas dans ta propre langue

                                       ne t'évanouis pas dans celle des autres

     

                                     mesure le sang de ta pensée

     

                                    car à ta question

                                    tu ne trouveras que des cibles vacillantes

                                    l'agir dessine la parole

                                    comme l'arc consume la flèche cristalline

     

    le lutteur de classe à la manière taoïste    Abdelkebir Khatibi

     

  • La voix des Arabes libres.

    Une partie de l'Occident s'entête à n'entendre du monde arabe que le chant des corbeaux, elle contribue ainsi à amplifier leur chants au détriment d'autres voix qui chantent la liberté et la justice.

    Abdellatif Lâabi est un exemple d'une voix libre ouverte sur le monde, une voix qui milite comme il le dit pour un "sursaut de l'humain en l'homme".

    j'ai choisi de publier un de ses textes pour faire entendre une autre voix que celles qui se déversent actuellement sur les médias.

     

    "Ici La voix des Arabes libres. La voix de ceux, celles qui ont décidé de briser la loi du silence, combattre le mensonge, redonner la voix aux sans voix, faire entendre le cri des suppliciés, rejeter les chaînes de la soumission, dénoncer les grandes et petites lâchetés, démasquer les assassins et leurs commanditaires, mettre à nu les mécanismes de la corruption et du pillage, lever le voile sur les misères matérielles et morales, bref, s’insurger contre la fatalité et libérer le cours de l’espoir.

     

    Nous émettons de quelque part. D’un lieu inconcevable pour l’imagination courte des tyrans, de leurs sbires et des paternalistes de tout acabit. Désert primordial où la parole rebelle fut conçue, où l’arbre de la mémoire surgit, plongea ses racines dans la terre assoiffée de justice, déploya sa frondaison pour accueillir la palabre des chercheurs de vérité aux lèvres gercées d’énigmes, à la face inspirée par le message d’errance.

     

    Ici La voix des Arabes libres. Hommes et femmes refusant l’uniforme simiesque, le garde-à-vous, l’hymne vengeur, les bruits de bottes, les marches forcées, les barbelés de la patrie, la bêtise des consensus, la peste de l’orgueil, la prison de l’unique langue, de la religion unique, le folklore débilitant des signes distinctifs : coiffures, couvre-chefs, fichus, barbes, maquillage, médaillons, pendentifs, anneaux, chapelets, amulettes et toute la quincaillerie bimbeloterie ayant servi depuis belle lurette à berner les peuples innocents. Autant de linceuls prévus pour nous dès le berceau que nous lacérons par plaisir pur et jetons à la face hideuse des molochs qui ont voulu nous enterrer vivants.

     

    Car vivants, nous le sommes, et nous aimons la vie au-delà du supportable. D’autres ne se rendent par compte qu’ils sont vivants. La vie s’offre à eux en pure perte, par distraction, et c’est par distraction qu’ils la prennent, ou alors la routine, comme les piètres copulateurs du vendredi ou du dimanche.

     

    Nous les désirants, les languissants, les brûlés à l’intérieur, les fous d’amour, nous suivons à la trace, à l’odeur et même à la rumeur. « Nous faisons nos ablutions avec notre sang », et nous psalmodions jusqu’à l’évanouissement. Nous mendions à sa porte sans rien perdre de notre dignité. Ah ! Quel festin, les miettes qu’elle daigne nous jeter !

    Ici La voix des Arabes libres, frères et sœurs siamois de tous les humains libres. Comme eux candidats à l’arrachement et aux exils........"

    la suite ici

     

  • Fréquentations

    souvenir d'une lecture à Strasbourg en compagnie de la chanteuse Sapho et du poète Marocain Abdellatif Lâabi.

     

    Je fréquente les anciens

    Je fréquente l'Orient

    je fréquente les poètes français

    je fréquente l'Espagne

    Je fréquente les Allemands

    Les japonais

    Les Chinois

    Les Africains

    Les Suisses

     Les Russes

     Les Yougoslaves

     Les Palestiniens

     Les Israéliens

     Les Américains

     Les Perses

     Les Portugais

     Les...

     Tous ces poètes semblent vouloir dire une chose qui leur passe sous le nez

    Elle est là, attendant, lue

    Dans chaque 1 de leurs syllabes

     

    Sapho  Le livre des 14 semaines

     

  • Les brûlures d'une rencontre (I)

     C'est en 1905 alors que j'étais âgé de cinq ans et me trouvais à Bougouni, que je vis un Européen pour la première fois. C'était le commandant de Courcelles, seul Européen de tout le cercle. Accompagné de son interprète et d'un garde de cercle, il passait de demeure en demeure pour procéder au recensement de la population.  

     

     

    Les familles avaient donné l'ordre à tous les enfants de moins de dix ans de se cacher. Mais tenaillé par la curiosité, je demandai à ma mère de m'abriter derrière les pans de son boubou afin que je puisse m'approcher du Blanc. Je voulais essayer de le toucher. J'avais entendu dire que les Blancs étaient les "fils du feu", que c'étaient des "braises vivantes". J'étais donc persuadé qu'ils brûlaient... Les Africains avaient en effet baptisé ainsi les Européens parce qu'ils s'étaient apreçus que ceux-ci devenaient tout rouges lorsqu'ils étaient contrariés. 

    Quand tous les membres de ma famille furent réunis dans la cour, ma mère écarta les larges pans de son boubou et je me blôttis derrière elle. Nous nous approchâmes du commandant qui inscrivait les noms sur un grand registre. Lorsque je fus tout près de lui, j'avançai tout doucement ma main et posai le plus légèrement que je pus mon index sur son avant bras, je ne ressentis aucune brûlure. J'en fus extrêment déçu. Désormais pour moi, le Blanc était "une braise qui ne brûle pas". Telle fut ma première rencontre avec un Européen. 

     Amadou Hampaté Ba

  • Le ciel orphelin de poètes

     "Une nouvelle planète a été découverte hors de notre système solaire. Elle a été baptisée OGLE-2005-BLG-390Lb, à partir du nom de son étoile, OGLE-2005-BLG-390."

    On est passé d'un Cosmos peuplé de divinités à un Univers qui se résume en une série de plaques d'immatriculation,

     

    Le ciel est-il devenu aussi froid et barbare pour nous parler dans une telle langue ?