La voix des Arabes libres.
Une partie de l'Occident s'entête à n'entendre du monde arabe que le chant des corbeaux, elle contribue ainsi à amplifier leur chants au détriment d'autres voix qui chantent la liberté et la justice.
Abdellatif Lâabi est un exemple d'une voix libre ouverte sur le monde, une voix qui milite comme il le dit pour un "sursaut de l'humain en l'homme".
j'ai choisi de publier un de ses textes pour faire entendre une autre voix que celles qui se déversent actuellement sur les médias.
"Ici La voix des Arabes libres. La voix de ceux, celles qui ont décidé de briser la loi du silence, combattre le mensonge, redonner la voix aux sans voix, faire entendre le cri des suppliciés, rejeter les chaînes de la soumission, dénoncer les grandes et petites lâchetés, démasquer les assassins et leurs commanditaires, mettre à nu les mécanismes de la corruption et du pillage, lever le voile sur les misères matérielles et morales, bref, s’insurger contre la fatalité et libérer le cours de l’espoir.
Nous émettons de quelque part. D’un lieu inconcevable pour l’imagination courte des tyrans, de leurs sbires et des paternalistes de tout acabit. Désert primordial où la parole rebelle fut conçue, où l’arbre de la mémoire surgit, plongea ses racines dans la terre assoiffée de justice, déploya sa frondaison pour accueillir la palabre des chercheurs de vérité aux lèvres gercées d’énigmes, à la face inspirée par le message d’errance.
Ici La voix des Arabes libres. Hommes et femmes refusant l’uniforme simiesque, le garde-à-vous, l’hymne vengeur, les bruits de bottes, les marches forcées, les barbelés de la patrie, la bêtise des consensus, la peste de l’orgueil, la prison de l’unique langue, de la religion unique, le folklore débilitant des signes distinctifs : coiffures, couvre-chefs, fichus, barbes, maquillage, médaillons, pendentifs, anneaux, chapelets, amulettes et toute la quincaillerie bimbeloterie ayant servi depuis belle lurette à berner les peuples innocents. Autant de linceuls prévus pour nous dès le berceau que nous lacérons par plaisir pur et jetons à la face hideuse des molochs qui ont voulu nous enterrer vivants.
Car vivants, nous le sommes, et nous aimons la vie au-delà du supportable. D’autres ne se rendent par compte qu’ils sont vivants. La vie s’offre à eux en pure perte, par distraction, et c’est par distraction qu’ils la prennent, ou alors la routine, comme les piètres copulateurs du vendredi ou du dimanche.
Nous les désirants, les languissants, les brûlés à l’intérieur, les fous d’amour, nous suivons à la trace, à l’odeur et même à la rumeur. « Nous faisons nos ablutions avec notre sang », et nous psalmodions jusqu’à l’évanouissement. Nous mendions à sa porte sans rien perdre de notre dignité. Ah ! Quel festin, les miettes qu’elle daigne nous jeter !
Ici La voix des Arabes libres, frères et sœurs siamois de tous les humains libres. Comme eux candidats à l’arrachement et aux exils........"