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Etat des lieux - Page 5

  • Le Liban survivra

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    Une pensée pour le peuple Libanais qui est entrain de traverser pour la énième fois des moments difficiles.

     

    Pour connaître et soutenir la blogosphère Libanaise : Lebanon Heart

     

     

     

     

     

    Mon pays

     

    Mon pays longiligne a des bras de prophète.
    Mon pays que limitent la haine et le soleil.
    Mon pays où la mer a des pièges d'orfèvre,
    que l'on dit villes sous marines,
    que l'on dit miracle ou jardin.
    Mon pays où la vie est un pays lointain.
    Mon pays est mémoire
    d'hommes durs comme la faim,
    et de guerres plus anciennes
    que les eaux du jourdain.


    Mon pays qui s'éveille,
    projette son visage sur le blanc de la terre.
    Mon pays vulnérable est un oiseau de lune.
    Mon pays empalé sur le fer des consciences.
    Mon pays en couleurs est un grand cerf-volant.
    Mon pays où le vent est un noeud de vipères.
    Mon pays qui d'un trait refait le paysage.

    Mon pays qui s'habille d'uniformes et de gestes,
    qui accuse une fleur coupable d'être fleur.
    Mon pays au regard de prière et de doute.
    Mon pays où l'on meurt quand on a le temps.
    Mon pays où la loi est un soldat de plomb.
    Mon pays qui me dit : "prenez-moi au sérieux",
    mais qui tourne et s'affole comme un pigeon blessé.
    Mon pays difficile tel un très long poème.
    Mon pays bien plus doux que l'épaule qu'on aime.
    Mon pays qui ressemble à un livre d'enfant,
    où le canon dérange la belle-au-bois-dormant.

    Mon pays de montagnes que chaque bruit étonne.
    Mon pays qui ne dure que parce qu'il faut durer.
    Mon pays pays tu ressembles aux étoiles filantes, 
    qui traversent la nuit sans jamais prévenir.
    Mon pays mon visage,
    la haine et puis l'amour
    naissent à la façon dont on se tend la main.
    Mon pays que ta pierre soit une éternité.

     

     

    Nadia Tueni, poétesse Libanaise

     

  • L'amour de la patrie

    "La France, aimez-la ou quittez-la" Lepen, Devillepin, Sarkozy, etc.

     

    Il y a ceux qui s’approprient un territoire, mais à la différence des chiens ils ne pissent plus dessus pour le marquer, ils l’entourent de barbelés, de gardes frontières et de canons, ils l’appellent patrie.

    Ils proclament haut et fort qu’ils l’aiment et qu’ils sont prêts à en expulser toute personne soupçonnée de ne pas l’aimer.

     

    Mais qu’est-ce qu’aimer sa patrie ?

     

    Est-ce l’aimer à tout prix au point de nier cette part de l’homme qui n’est pas de la patrie (*), qui n’est d’aucune patrie ?

     

    Est-ce ne pas l’aimer que de dénoncer ce qui n’est pas juste dans ce que nous aimons ? (*)

     

    Est-ce ne pas l’aimer que d’exiger que l’être aimé s’égale à la plus belle image que nous avons de lui ? (*)

     

    (*) Albert Camus, lettres à un ami Allemand

  • Il faut oser l'exode

    Il faut apprendre à discerner les chances non réalisées qui sommeillent dans les replis du présent. Il faut vouloir s'emparer de ces chances, s'emparer de ce qui change. Il faut oser rompre avec cette société qui meurt et qui ne renaîtra plus. Il faut oser l'exode.

    André Gorz, misère du présent. Richesse du possible

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    Les problèmes du monde ne seront pas résolus par les cyniques dont les horizons sont bornés par la réalité et ses évidences. Il nous faut des hommes capables de rêver des choses qui jamais ne furent.

    John Fitzgerald Kennedy

     

  • Un monde flexible

    Pour comprendre certains enjeux de la réforme du code de travail (le CPE), il faut lire ou relire "le travail sans qualités" de l'écrivain Richard Sennet, professeur à la London School of economics, qui est aussi historien, musicien et romancier.

    L'auteur explore les effets de la nouvelle économie. Il part d'observations de cas concrets pour mettre en évidence les oppositions entre deux mondes de travail, un monde disparu, celui des entreprises "classiques" rigides et hiérarchiques mais propice à développer les solidarités, les engagements mutuels qui nécessitent le long terme pour mûrir, et le monde nouveau des restructurations des entreprises, où le court  terme, l'insécurité et la précarité sont la norme. 

     

    R. Sennet analyse, à travers des situations concrètes et des "tranches de vie", comment la trajectoire des individus est devenue floue. Il démontre comment certaines valeurs ont perdu leur sens traditionnel, la difficulté pour un travailleur de développer et affirmer son caractère lorsque la flexibilité et la précarité le privent de tout repère.

    Le mot carrière a perdu son sens habituel puisque le capitalisme nouveau renvoie le travailleur d'un type de travail à un autre, il le prive de tout "itinéraire identifiable". Dans un monde qui privilégie l'immédiat, il est de plus en plus difficile de construire des liens de confiance, d'amitié et de loyauté, de développer des liens sociaux et de favoriser les engagements mutuels et les solidarités.

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    Il est plus facile de manipuler, de soumettre et d'asservir un groupe de travailleurs précarisés, isolés sans liens de solidarité et peu aptes à l'engagement.  

     

    "le travail sans qualités" est à lire pour l'originalité de l'éclairage et la finesse de l'analyse. L'auteur s'appuie habilement sur les penseurs classiques (Virgile, Rousseau, Locke, Voltaire, Smith, Weber, ...) sans être rébarbatif. Et avec les parcours de vie que raconte l'auteur, le livre se lit comme un roman.

  • Le tyran

    "Je sais aussi que la terreur que je vous inspire est telle que même après ma mort vous ne retrouverez le sommeil ni le goût de vivre. (...) Vous avez beau m'enterrer au plus profond de la terre, faire couler sur moi d'infinies laves de béton, m'incinérer et disperser mes cendres aux quatre coins du globe, ou me faire découper en rondelles, je reviendrai hanter vos nuits."

    Rachid Mimouni, une peine à vivre

     

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    Mon village natal est surplombé par une colline qui porte le nom d'Azrou Hammar (rocher de hammar). On raconte que ce Hammar fut un tyran qui martyrisait les habitants de la région. Ceux-ci décidèrent de s'en débarrasser.

    Un d'entre eux se proposa de le faire à condition qu'on s'occupa de sa famille après sa mort. Il emmena Hammar sur la colline en le portant sur son dos, et il se précipita dans le vide avec lui. Depuis lors, cette colline porte le nom du tyran Hammar.

     

    J'ai toujours été intrigué par le fait que les habitants n'ont pas retenu le nom de l'homme qui sauva mes ancêtres mais celui du tyran.

    Dans la plupart des villes de notre planète, même dans les pays démocratiques, des avenues et des places portent le nom de tyrans sanguinaires. On leur érige des monuments, de longues pages des livres d'histoire leur sont consacrées.

    Les tyrans exercent sur la mémoire collective et individuelle une sorte de fascination, mélange cruel de dégoût, de haine et de séduction perverse.

    D'où vient cette fascination morbide ?

     

    © Saïd Bailal