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Etat des lieux - Page 4

  • orgasme global

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    Une drôle d’initiative pour agir contre la violence dans le monde. Deux militants pacifistes Donna Sheehan, 76 ans et Paul Reffell, 55 ans ont décidé d'organiser un «orgasme mondial synchronisé» le jour du solstice d'hiver, vendredi 22 décembre.

     

     

    A l’instar du psychiatre révolutionnaire Wilhelm Reich, ces militants soutiennent l’idée que la violence est en partie due à l'insatisfaction sexuelle des hommes.

     

    Selon Reich, au moment de l'orgasme se libère une énergie d'un type très particulier, à laquelle il donne le nom de "orgone". Cette énergie est loin d'être confinée au seul plaisir sexuel, elle est essentielle à tous les aspects d'une vie saine. Reich affirme qu’elle seule pourra délivrer l'Homme de l'angoisse et le mener au bonheur. Cependant, si la fonction naturelle de l'orgasme est réprimée ou si elle est insatisfaite chez les hommes cela les conduit a adopter des comportements violents et agressifs.

     

     

    Pour combattre l’agressivité et la violence, les instigateurs du projet global orgasm proposent de travailler à promouvoir le plaisir et encourager les relations interpersonnelles affectueuses. 

     

     

    Ils invitent donc les hommes et les femmes de tous les pays, «particulièrement ceux où il existe des armes de destruction massive», à avoir des relations sexuelles, accompagnées, avant et après, de pensées pacifistes. A grande échelle, ceci pourrait modifier «le champ d'énergie de la Terre» et «réduire les dangereux niveaux actuels de violence et d'agression», notamment en Irak. 

     

     

    Cette proposition qui peut paraître farfelue a le mérite d’être moins hypocrite que toutes les promesses et les propositions faites par les hommes et femmes politiques, de tout bord depuis le siècle dernier, d’un monde enfin débarrassé de tout les conflits guerriers
  • poussière

    Rien : du latin rem, quelque chose.

     

    "Poussière tu as été,  poussière tu redeviendras"

     

     

    Avec ton air de matador,

    à courir derrière ta mort,

    fardé d’artifice, couvert d’or

    tu écrases le faible et tu te crois fort,

     

    alors t’es rien ami Terrien,

    t’es rien.

     

    Tu te crois un être unique, extraordinaire,

    tel ce grain de sable qui brille dans le désert,

    il nargue le soleil et se proclame lumière,

    et oublie que même les étoiles finissent poussière.

     

    T’es rien ami terrien,

    T’es rien.

     

    Depuis qu' les mots te donnent à voir,

    la Terre n’est plus qu’un accessoire.

    Depuis qu' les chiffres te servent à croire

    que tu es le maître, la fin de l’Histoire,

     

    T’es rien ami Terrien,

    t’es rien.

    © Saïd Bailal

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    Julee Holcombe, "Babel revisited"
  • les identités multiples

    Seules les identités multiples sont belles. Mahmoud Darwich.

     

    Je n’aime pas le mot « racines », et l’image encore moins. Les racines s’enfouissent dans le sol, se contorsionnent dans la boue, s’épanouissent dans les ténèbres; elles retiennent l’arbre captif dès la naissance, et le nourrissent au prix d’un chantage: « Tu te libères, tu meurs! » Amine Maalouf.

     

    On nous dit, et voilà vérité, que c'est partout déréglé, déboussolé, décati, tout en folie, le sang le vent. Nous le voyons et le vivons. Mais c'est le monde entier qui vous parle, par tant de voix bâillonnées.

    Où que vous tourniez, c'est désolation. Mais vous tournez pourtant. Edouard Glissant.

     

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    Jamais dans l'histoire de l'humanité les humains ne se sont autant rencontrés, côtoyés et mélangés. Les mariages mixtes se multiplient de plus en plus. Dans certaines régions comme en Europe, les frontières se sont effacées. Les obstacles culturels et nationaux à la communication se sont presque effondrés grâce aux moyens de transport et de communication modernes. Il est devenu possible de ne pas concevoir de contradiction par le fait d'avoir plusieurs identités simultanément.

     

    Et paradoxalement, jamais les crispations identitaires n'ont été aussi grandes.

     

    De nombreux Juifs hier partisans de l'universalisme et de l'humanisme se sont repliés actuellement sur une seule appartenance et une unique identification, à Israél.

     

    Les Européens champions, durant les siècles passés, de l'humanisme et depuis la fin de la seconde guerre mondiale chantres de l'entente mondiale, sont entrain de glisser vers l'idéologie la plus restrictive et exclusive, l'extrême droite.

     

    Les Musulmans qui avaient jadis été les plus cosmopolites, acceptant l'existence en leur sein de multiples confessions et cultures, sont en train de restreindre leur identité à leur seule appartenance religieuse.

     

    Comment expliquer ce paradoxe ?

    Est-ce les angoisses et les frustrations engendrées par une globalisation qui tend à effacer toute spécificité et à dépasser l’Etat-nation?

    Est-ce les derniers sursauts, avant l'effondrement définitif, des nationalismes ?

     

  • Guerre et mensonges

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    Il existe aujourd'hui entre le mensonge et la guerre une connection indissociable. Dans l'actualité de l'existence telle qu'elle se présente à nous, il est impossible de ne pas reconnaître que la guerre est liée au mensonge, au mensonge sous une double forme : le mensonge à autrui et le mensonge à soi-même; ils sont d'ailleurs étroitement liés et peut-être inséparables en droit l'un de l'autre.

     

    Celui qui ne se ment pas à soi-même ne peut pas ne pas constater que la guerre sous ses formes modernes est un cataclysme qui ne peut comporter aucune contrepartie positive appréciable, sauf peut-être -et encore n'est-ce là qu'une apparence- là où est une pure agression dirigée contre un adversaire désarmé; mais dans ce cas la guerre cesse d'être à proprement parler la guerre pour dégénérer en une opération de banditisme pur et simple qu'on tentera d'ailleurs de camoufler en la présentant comme une expédition punitive; les inépuisables sources de propagande seront mis en oeuvre pour ce camouflage.

     

    Dans tous les autres cas, c'est à dire là où il y a conflit entre des adversaires réellement armés, nous savons aujourd'hui que les risques de tout ordre sont inimaginables, et que les destructions dépassent, selon toute apprence, les avantages que l'on prétend en retirer. Les faits sont là directement lisibles par tous, et il est difficile de concevoir comment l'enseignement qu'ils dégagent peut encore demeurer lettre morte, sinon pour le plusgrands nombre des hommes, au moins pour les individus soi-disant responsables dont leur sort dépend.

     

    Ce n'est que par le mensonge organisé qu'on peut espérer faire admettre la guerre à ceux qui sont contraints de la faire ou de la subir : notons d'ailleurs qu'entre les verbes faire et subir la différence est aujourd'hui évanouissante.

    Gabriel Marcel : Les hommes contre l'humain, p.97, éditions universitaires, 1991

     

  • Bernard Noël à propos d'incursions

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    ci-dessous une prise de position du poète Français Bernard Noël. Il n'a pas pu la publier dans les journaux Français.

    INCURSIONS OU IRRUPTION : LE GENOCIDE AU MOYEN-ORIENT SE POURSUIT

     

    Le mot « incursion » sert à désigner, dans les derniers bulletins d’information de France-Culture, les opérations militaires israéliennes au Liban. Ce mot saisit parce qu’il est original par rapport au vocabulaire des autres chaînes. D’après Littré, « l’incursion est une course ; par conséquent celui qui la fait passe seulement sur le terrain qu’il ravage ». Bien que vieille d’un siècle et demi, cette définition décrit assez bien l’action d’Israël, sauf que la « course » viole cette fois l’espace aérien et que le « ravage » tombe ainsi principalement du ciel.

     

    Littré renvoie au mot latin « incursio » qu’il traduit par « invasion ». La consultation du Gaffiot donne « choc , attaque » pour « incursio », puis « se jeter sur » pour « incursito » et « fondre sur, attaquer » pour « incurso ». Il ne faut pas, dit le Dictionnaire analogique, confondre « incursion » , qui est le fait de pénétrer momentanément dans un domaine qui n’est pas le sien, avec « irruption », qui consiste à pénétrer de vive force et à s’installer...

     

    L’aviation est l’instrument parfait de « l’incursion » puisqu’elle « se jette sur » son objectif et retourne aussitôt vers sa base. Les chars, les commandos, l’infanterie, par contre, sont obligés de faire « irruption » même si, officiellement, leur commandement n’a pas l’intention de s’installer. L’armée israélienne, dénommée Tsahal, combine de toute évidence depuis un demi-siècle « incursion » et « irruption » pour le plus grand dommage de ses voisins.

     

    L’histoire de cette période prouve en effet que l’existence et le comportement de Tsahal font de l’incursion et de l’irruption une méthode d’intimidation brutale dont l’exercice est sans cesse nourri d’actions violentes. Cela va du « bouclage » toujours arbitraire à la confiscation des terres, de la destruction des oliveraies et des maisons à l’assassinat ciblé, du bombardement des infrastructures civiles au bombardement des civils, de l’enlèvement et de la séquestration des responsables politiques à l’emprisonnement et à la torture de quiconque a l’infortune d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Tout cela au nom d’un droit à l’autodéfense et à la sécurité dont le résultat est de créer une insécurité générale, non seulement autour d’Israël mais dans tout le Moyen Orient.

     

    Devant tant de violences, dont le seul succès est d’en appeler et d’en rappeler d’autres aux références totalitaires fâcheuses, il semble que le simple bon sens aurait dû conduire à demander à la paix ce que ne peut obtenir la guerre. Mais non, l’Etat d’Israël s’obstine à entretenir l’oppression, la peur, la menace quand il ne passe pas à des actes qui visent à terroriser l’ennemi qu’en réalité ils fabri-quent. Pourtant, ces jours-ci, les actes en question atteignent un degré où l’injustifiable le dispute à la sauvagerie. Une sauvagerie masquée par la technologie guerrière qui métamorphose les tueries en une affaire inhumaine que les communiqués qualifient de « dégâts collatéraux ».

     

    L’humanité a sans doute besoin du contact, de la vision directe ou du face à face pour que le tueur ait conscience du droit de mort dont il dispose. On peut croire que tel n’est pas le cas de l’artilleur ou de l’aviateur qui tirent sur un « objectif », mais comment accorder cette circonstance atténuante aux généraux, ministres et chef de gouvernement dont le moins qu’on puisse attendre d’eux est qu’ils sachent ce qu’ils font ? Quand on compare l’importance des « dégâts » et la justification qu’en donnent les responsables israéliens, on se demande ce qui l’emporte chez eux du mensonge ou du racisme dans leur empressement à pousser au crime.

     

    Bien sûr, une bonne partie de leur arrogance dans le déni des faits tient à l’aide constante et à la conduite exemplaire de leur soutien américain, qui a si brillamment réussi la démocratisation de l’Irak et de l’Afghanistan. Les crimes de guerre, la torture des prisonniers, les massacres changent de nature dès lors qu’on les qualifie de lutte contre le terrorisme : ils tirent même de cette qualité une sanctification. Et puis, de toute évidence, les victimes de cette lutte n’ont pas droit à ce statut : il suffit de vous étiqueter « terroriste » pour que vous cessiez d’être un humain.

     

    Depuis des années, et les témoignages abondent à ce propos, on assiste en Israël à un entraînement au mépris. Au mépris du Palestinien, jour après jour humilié aux check-points, privé de travail, privé d’eau, d’électricité, de nourriture, malmené pour un oui pour un non, emprisonné sans jugement... Encore n’est-ce là que les formes les plus douces d’une oppression qui n’hésite pas à recourir aux obus, aux bombes, aux fusillades à Gaza ou au fameux « Mur » qui est en train de transformer la Cisjordanie en camp de concentration.

     

    La gravité de la situation ainsi créée s’accompagne de dizaines de morts avec un fort pourcentage de femmes et d’enfants. Tout cela a été dénoncé en vain par des articles, des documentaires, des livres, mais rien ne dénonce la dégradation morale qu’entraîne chez les Israéliens l’exercice régulier de l’oppression. Si l’artilleur et l’aviateur ne voient peut-être pas ce qu’ils font, l’oppresseur le voit fort bien quand il laisse des malheureux attendre des heures durant un passage, quand il enfonce les portes, casse les meubles, quand il écrase une maison avec son tank ou son bulldozer, quand il tire sur des enfants. Pour supporter ce face à face, il faut avoir pratiqué longuement le mépris et même en avoir fait sa culture. On sait à quel point il faut déshumaniser l’Autre pour le traiter comme un être inférieur.

     

    Le gouvernement israélien organise cette déshumanisation et le mépris raciste qui en découle. Il s’étonne de la résistance qu’il rencontre dans le temps même où il s’efforce d’en finir avec elle. D’où ce redoublement de violence, qui prouve un désir de génocide latent, et la rage de ne pas oser l’accomplir. Cette rage aveugle monsieur Olmert et sa clique puisqu’elle les fait agir à l’inverse de l’intérêt de leur peuple également aveuglé par leur propagande. Ainsi au quinzième jour de la destruction du Liban avec des bombes américaines dans le but de provoquer le rejet du Hezbollah cause, soit disant, de tout ce malheur, un sondage révèle aujourd’hui que 87% des Libanais voient dans le Hezbollah un mouvement de résistance qui les honore.

     

    La bêtise politique est criminelle : on le voyait en Irak, en Afghanistan, on le voit hélas en Palestine et au Liban. Le plus accablant est que cette bêtise ne rencontre aucune opposition dans un Occident qui se déshonore en lui trouvant des motifs respectables. Les pays arabes ne font pas mieux mais ils ont l’excuse, grâce encore à l’Amérique, d’avoir des gouvernements qui sont étrangers aux aspirations de leurs peuples. Il n’est pas nouveau de traiter de terroristes des mouvements de résistance, mais les utilisateurs de cette rhétorique apparemment inusable devraient savoir qu’il est dangereux de précipiter la résistance dans le désespoir.

     

    L’honneur n’a jamais été le fort des diplomates et des commerçants, mais il fut longtemps la règle du jeu des militaires. Quel honneur pourrait-il y avoir à bombarder une usine de lait, les pistes d’un aéroport civil ou les immeubles de l’autorité palestinienne ? Il est dommage que Tsahal et ses généraux n’aient jamais eu à méditer ce vers classique devenu proverbial : « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». L’honneur d’Israël ne tient plus qu’aux quelques « refuzniks » qui refusent de massacrer des innocents, mais pour Tsahal, il est trop tard, cette armée d’élite n’est entraînée qu’à écraser plus faible qu’elle aussi doit-on la considérer désormais comme la plus lâche du monde.

    Bernard Noël.