Par principe, j'ai toujours prêté peu d'attention à certains sujets d'accroches médiatiques récurrents comme par exemple les best off ou l'homme de l'année. Cette année j'ai décidé de déroger à ce principe. J’ai choisi trois hommes dont les actes ou la personnalité ont attiré mon attention parce qu’ils sont les symboles de quelque chose qui manque ou qui se perd dans nos sociétés hypermodernes.
Zidane :
Comme le dit admirablement Marc Edouard Nabe « Zidane n’a jamais été aussi génial qu’en marquant ce but inattendu et bien réel : une tête dans la poitrine de Matarezzi ». Elle est géniale cette folie qui peut nous pousser, quand on est entrain de gagner la partie à tout détruire d’un coup sec.
Quel formidable pied de nez à cette société qui glorifie les gagnants et relègue les perdants dans les gouffres de l’anonymat. Zidane a préféré plutôt sauver l’Honneur -valeur perdue dans une société qui n’a de valeurs que celles cotées en bourse- que succomber à une gloire de chimères.
Hassan Nasrallah :
La maîtrise du verbe est une vertu nécessaire pour devenir un homme politique. Lorsque en plus un homme politique allie la verve et la droiture, le courage et le respect de ses adversaires, le sang froid et la témérité, il devient un homme d’état.
Un fin connaisseur du Liban Percy Kemp, dans un article paru dans le quotidien français Libération, écrivit à propos de Hassan Nasrallah, : « Ce lundi 17 juillet (2006) à la télé, j’ai en effet vu un homme (Ehud Olmert) au menton glabre et portant costume et cravate (un homme qui me ressemble, en quelque sorte), perdre ses nerfs devant la Knesset, lancer des anathèmes à la volée, menacer ses ennemis d’une guerre à outrance, user de tous les artifices de la rhétorique, et en appeler aux instincts les plus primaires de ses électeurs. La veille, j’avais vu son adversaire, un barbu enturbanné (Hassan Nasrallah) (un homme qui ne me ressemble donc guère), user d’un langage savamment dosé, jongler avec des mots bien pesés sans jamais le ton hausser, appeler les choses par leur nom, manier la dialectique comme s’il venait à l’instant de refermer le Gorgias de Platon, et conseiller à ses ennemis de faire taire leurs émotions pour n’écouter que leur seule raison. D’un mot, j’ai vu un dirigeant israélien se comporter comme on imaginerait qu’un raïs arabe pourrait se comporter en pareille circonstance, et un chef de milice arabe se conduire comme un dirigeant occidental devrait se conduire, quelles que soient les circonstances. »
Le député Jean Lasalle :
En France, depuis le milieu des années 80 le libéralisme est devenue religion d’état. Tout homme politique au pouvoir, quel que soit son bord, se doit de la respecter à la lettre. Les décisions importantes en matière économique ne sont plus prises par le gouvernement français mais plutôt décidées par, les prêtres de cette nouvelle religion, les experts de Bruxelles qui n’ont aucune légitimité populaire puisque personne ne les a élu. Malgré cela, nos hommes politiques continuent à mentir à leurs citoyens en leur faisant croire qu’ils ont encore une prise sur la réalité économique du pays. On se demande vraiment à quoi servent les élections.
Jean Lassalle, député UDF, des Pyrénées-Atlantiques, s’est mis en grève de la faim pour s’opposer à la délocalisation d’une usine située dans sa région. Il a mis à nu l’incapacité et des pouvoirs politiques. Il a enfin démontré le grand mensonge total : le monde politique est paralysé voire mort depuis longtemps, les prétendus projets et actions des hommes et femmes politiques qu’ils soient présidents, ministres, députés ou candidats ne sont que gesticulations médiatiques, slogans creux et leurre virtuel.